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La cagnotte sur mobile Tilt vient bousculer Leetchi et compagnie

Tilt a été créé par James Beshara et Khaled Hussein en février 2012.

Tilt a été créé par James Beshara et Khaled Hussein en février 2012. - Tilt, via TechCrunch.com

"Après s'être exportée au Royaume-Uni l'été dernier, cette FinTech américaine se lance en France ce mardi et compte bien faire de l'ombre aux applications françaises."

Elle a de quoi secouer Leetchi et le Pot Commun. Tilt, une application américaine de collecte d’argent arrive ce mardi en France, après avoir déjà essaimé dans huit pays dont les États-Unis, le Canada, la Suède et le Royaume-Uni. Tilt vise particulièrement les étudiants, via les bureaux des étudiants des écoles et des universités. C’est l’une des applications financières qui connaît la croissance la plus rapide en termes de téléchargements aux États-Unis, devant les plateformes de financement participatif GoFundMe et KickStarter.

Pas de commission

La première grande différence avec ses concurrentes françaises est de taille: son utilisation est gratuite pour les particuliers. Aucune commission n’est prélevée sur la collecte. Du coup, 100% de l’argent collecté sert à financer le projet commun.

James Beshara et Khaled Hussein, qui ont créé la start-up éditant Tilt en février 2012, ont basé son modèle économique sur le service aux entreprises. L'entreprise commercialise en effet un service pro baptisé "Tilt/Open" qui permet aux firmes d’organiser des collectes en leur nom. Elle vend aussi des bases de données à des sociétés tierces, qui pourront ainsi à leur tour s’en servir pour démarcher directement des utilisateurs de la cagnotte. Et la jeune société propose également aux professionnels de vendre leurs articles via sa plateforme, moyennant le paiement d’une commission.

De quoi se différencier de la dizaine de cagnottes disponibles en France. Les deux plus connues étant Leetchi, qui revendique 4 millions d’utilisateurs, et Le Pot commun. Mais il existe aussi Cagnotte.me, les solidaires Colleo ou Pikari, l’internationale Kwendoo, Papayoux et Payname, plus connu pour son service de paiement mais qui permet aussi d’organiser des cagnottes entre proches.

67,1 millions d'euros levés

Face à elles, Tilt n’arrive pas les poches vides. Comme d’autres applications américaines ayant décidé de venir butiner de l’autre côté de l’Atlantique, l’application bénéficie de financements conséquents. Selon la base de données CrunchBase, la start-up qui l’édite a levé 67,1 millions de dollars depuis sa création il y a 4 ans, dont 30 millions en juillet dernier. Un avantage pouvant lui permettre de se faire connaître à coups de campagnes marketing, d’autant que les apporteurs de fonds sont loin d’être inconnus dans le secteur de la Tech californienne: le fondateur de Napster Sean Parker et le fonds d’investissements Andressen Horowitz - connu pour ses montées au capital de Facebook, Airbnb, Skype notamment- ont mis la main à la poche pour soutenir le développement de ce projet.

Relativement peu d'utilisateurs

Reste que malgré un engouement financier certain de la part des sociétés des investisseurs, les services financiers innovants demeurent peu utilisés en France. Ainsi, bien que les fonds de capital-risque aient multiplié par sept leurs investissements dans les FinTech en quatre ans, seuls 9% des particuliers français utilisent une application d’agrégation de comptes bancaires, et seuls 6% prennent part au financement participatif, d’après le sondage Harris Interactive pour Deloitte publié le 24 mars. 

Comme les autres jeunes acteurs innovants dans ce secteur, Tilt devra donc trouver des réponses aux principaux freins d’adoption de ses services, à savoir: le manque de notoriété, le manque de confiance et les inquiétudes portant sur l’exploitation et la sécurité des données personnelles.

Adeline Raynal