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La Caisse d'Épargne mise en examen pour blanchiment d'escroquerie

Caisse d'Epargne est dans le viseur de la justice.

Caisse d'Epargne est dans le viseur de la justice. - Jacques Demarthon - AFP

La banque française est accusée d'avoir permis à des escrocs ayant abusé 200 investisseurs d'effectuer des virements importants vers Hong Kong et l'Indonésie, alors que son objet social ne prévoyait pas d'activité internationale.

La Caisse d'Épargne a été mise en examen en avril pour "blanchiment d'escroquerie" dans une affaire où deux frères sont accusés d'avoir séduit 200 investisseurs, recrutés via des formations "bien-être", pour bâtir des complexes touristiques à Bali, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

À l'été 2014, une cinquantaine de particuliers avaient déposé plainte à Paris, affirmant avoir été floués de 13 millions d'euros par la société Vivalavi Holding Group limited, fondée en 2007 à Hong Kong par deux Français, Eric et Franck Girardot. Jusqu'à sa faillite cette année-là, Vivalavi avait réuni environ 200 clients en leur faisant souscrire des contrats de prêts promettant des rendements très élevés, des parts dans des sociétés civiles immobilières (SCI) pour des projets hôteliers ou encore des contrats d'acquisition directe de terrains ou d'immeubles sur l'île indonésienne.

Accéder à la "liberté financière"

Les plaignants affirment que les investisseurs étaient "recrutés" au cours de séances de coaching mêlant méditation, hypnose et bilan patrimonial, complétées par des "stages de leadership" à Bali destinés à leur permettre d'accéder à la "liberté financière" tout en constatant le démarrage des travaux. "Ce sont des sortes de gourous du bien-être qui nouaient des relations assez ambiguës avec les victimes", selon Antoine Vey, l'un des avocats des parties civiles. "Beaucoup donnaient tout leur patrimoine et certains sont aujourd'hui totalement dépouillés".

En février 2016, les frères Girardot ont finalement été mis en examen pour "escroquerie de type pyramidal en bande organisée" et placés quelques mois en détention provisoire, a-t-on appris de sources concordantes. La justice les soupçonne d'avoir créé une "pyramide de Ponzi", schéma voué à l'échec, dans lequel les premiers souscripteurs sont rémunérés par l'argent des nouveaux.

"Le projet existait"

"C'est une faillite commerciale, certes tragique, mais sans aspect pénal", répond Julien Andrez, l'avocat des deux frères, qui conteste toute "manoeuvre frauduleuse" pour créer un système de cavalerie à la Madoff. "Dans ce dossier, il n'y a pas de faux documents, le projet existait", fait-il valoir. "Certaines prétendues victimes sont des pivots du système qu'elles entendent dénoncer" et dont elles étaient devenues des associés, dénonce Me Andrez, se félicitant que la procédure judiciaire n'ait pas retenu la dimension d'"abus de faiblesse" mise en avant par les plaignants. "La plupart des clients ont visité le projet à Bali, vu les difficultés et investi en toute connaissance de cause", assure-t-il.

Le 6 avril, la Caisse d'Épargne a été à son tour mise en examen pour blanchiment, faute d'avoir respecté "ses obligations de surveillance" puisqu'elle a permis à Vivalavi Finance, entité française du groupe, d'effectuer des virements importants vers Hong Kong et l'Indonésie, alors que son objet social ne prévoyait pas d'activité internationale, selon l'ordonnance de la juge dont l'AFP a eu connaissance. La banque, selon la magistrate, "ne pouvait ignorer l'origine délictueuse des sommes" alors que les montants des chèques déposés étaient "incompatibles avec le paiement de séance de coaching et des activités de conseil" prévues dans les activités de l'entreprise.

Jeudi, la cour d'appel de Paris, saisie par la Caisse d'Épargne, a ramené la caution de la banque de 13 à 4 millions d'euros, a-t-on appris de sources concordantes. "Tout en contestant les faits reprochés, la Caisse d'Épargne réservera ses déclarations au magistrat instructeur", a affirmé son avocat Dominique Penin, joint par l'AFP.

D. L. avec AFP