BFM Business
Culture loisirs

La Fifa, un empire financier qui brasse des milliards

Sepp Blatter, le président de la Fifa.

Sepp Blatter, le président de la Fifa. - Fabrice Coffrini - AFP

Englué dans un vaste scandale de corruption, l’organe dirigeant du football mondial a engrangé entre 2011 et 2014 autant de recettes que le PIB du Burundi et du Libéria réunis. Et il s’est constitué une époustouflante réserve en cas de coup dur. Plongée dans les comptes de la Fifa.

Ironie de l’histoire, le gigantesque scandale dans lequel se trouve empêtrée la Fédération internationale de football (Fifa) tombe au moment où les finances de l’institution ne se sont jamais aussi bien portées. L’instance dirigeante du football international n’a d’ailleurs jamais vraiment eu de problème avec les fins de mois. Car si les arguments en défaveur de son président Sepp Blatter ne manquent pas, force est de reconnaître son talent de businessman.

A 79 ans et après quatre mandats à la présidence de la Fifa, le Suisse a en effet réussi à en faire une puissance inégalée dans l'univers sportif. Avec des chiffres qui, parfois, peuvent donner le tournis. Sur la période 2011-2014, les revenus (officiels) de l’organisation se sont ainsi élevés à 5,7 milliards de dollars, soit le PIB annuel du Liberia et du Burundi réunis. Le tout grâce à la Coupe du monde 2014 organisée au Brésil qui, à elle seule, lui a assuré 4,8 milliards de dollars de recettes.

2,4 milliards de droits TV

En organisant une seule compétition, la Fifa génère donc un chiffre d’affaires annuel équivalent à celui des 44 clubs professionnels français. Les droits TV n’y sont pas étrangers: les médias désirant diffuser le Mondial Brésilien ont ainsi déboursé 2,4 milliards de dollars. Quand les différents sponsors ont, eux, mis plus de 1,5 milliard de dollars sur la table.

En retour, la Fifa dépense. Beaucoup. Outre les 2,2 milliards de dollars nécessaires pour organiser le Mondial, l’institution a consacré plus d’un milliard pour ses "projets de développement". Le principe? La Fifa reverse une certaine somme aux fédérations membres, destinée à construire des infrastructures, mettre en place des programmes éducatifs, etc.

Le magot de la Fifa

Ces programmes sont d’ailleurs l’un des piliers du "système Blatter", qui ne lésine pas sur les moyens (les budgets alloués sont en constante augmentation). Et peu importe, ensuite, que certains projets ne dépassent pas le stade des intentions... Pour s’assurer de ses réélections successives, le président de la Fifa a ainsi mené une politique d’ouverture, plaidant pour l’intégration de nouvelles fédérations au sein de l’instance. Résultat: l’organisation compte 209 fédérations membres. A titre de comparaison, l’ONU n’est composée que de 198 pays.

Le scandale actuel pour des faits présumés de corruption pourrait bien affaiblir l’institution. Mais celle-ci possède quelques arguments: après des années de bénéfices (338 millions sur les quatre années précédentes), la Fifa est désormais assise sur un tas d’or. Ses réserves, destinées à "garantir (son) indépendance", selon ses statuts, s’élèvent désormais à 1,523 milliard de dollars. Si elle était un jour abandonnée par l’intégralité de ses sponsors, la Fifa pourrait ainsi organiser, à elle seule, deux Coupes du monde avant de se retrouver à sec. Peut-être un élément de réponse pour certains observateurs qui s’interrogent sur la tenue ou non du Mondial 2022 au Qatar.