BFM Business
Conso

La filiale britannique de Wallmart et Sainsbury's veulent fusionner

-

- - Justin Tallis / AFP

Cette nouvelle entité afficherait un chiffre d'affaires 58 milliards d'euros, dépassant Tesco, le leader historique du marché au Royaume-Uni.

Les numéro deux et trois des supermarchés britanniques, Sainsbury's et Asda (groupe américain Walmart), ont annoncé lundi vouloir fusionner leur activité pour créer un géant qui pourrait dépasser le leader historique Tesco. Les investisseurs accueillaient cette annonce avec enthousiasme et l'action Sainsbury's s'envolait de 20,09% à 323,90 pence à 9h10 à la Bourse de Londres.

Dans un communiqué publié à la Bourse de Londres, les deux groupes ont précisé que cette transaction s'effectuerait via une absorption d'Asda par Sainsbury's, qui céderait à Walmart une partie de son capital et réglerait au groupe américain une somme en numéraire de presque 3 milliards de livres sterling.

Au total, Asda serait valorisé à hauteur de 7,3 milliards de livres (8,3 milliards d'euros) à l'occasion de cette transaction et son propriétaire américain basé à Bentonville dans l'Arkansas (sud des Etats-Unis) possèderait 42% du nouvel ensemble - les actionnaires de Sainsbury's disposant du reste.

58 milliards d'euros de chiffre d'affaires

Le communiqué précise que cette combinaison créera "l'un des principaux groupes britanniques de distribution alimentaire, de vêtements et d'autres produits avec un chiffre d'affaires total de quelque 51 milliards de livres en 2017" (58 milliards d'euros).

De ce point de vue, ce nouveau groupe dépasserait le leader historique du marché au Royaume-Uni, Tesco. En terme de parts de marché, sur le papier, Sainsbury's (15,8%) et Asda (15,6%) disposent en cumulé d'une part de 31,4%, contre 27,6% pour Tesco, d'après les derniers chiffres publiés par le cabinet spécialisé Kantar pour la période de 12 semaines achevée le 25 mars. Ensemble, Sainsbury's et Asda, actuellement filiale à 100% de Walmart, disposeraient d'un réseau de 2800 magasins au Royaume-Uni.

Les deux marques conservées

Les deux groupes pensent pouvoir sabrer leurs tarifs d'environ 10% sur "de nombreux produits achetés régulièrement par les clients" et réaliser des synergies de quelque 500 millions de livres de bénéfice brut opérationnel (Ebitda).

Ils ont assuré n'avoir "aucun projet de fermer des magasins comme résultat de la fusion". Des syndicats ont fait part de leur inquiétude dès ce week-end pour les 330.000 salariés des deux enseignes, lorsque les discussions sur cette fusion ont été rendues publiques.

Les partenaires ont aussi souligné qu'ils conserveraient les deux marques. Les président, directeur général et directeur financier de Sainsbury's disposeraient de ces mêmes postes au sein du nouveau groupe fusionné, bien qu'il soit prévu que deux représentants de Walmart siègent au conseil d'administration du nouveau groupe en tant qu'administrateur non-exécutif.

La fusion est soumise à l'accord des actionnaires mais le principal actionnaire de Sainsbury's, Qatar Investment Authority, soutient la transaction, a précisé le groupe britannique. L'opération, qui est aussi soumise à la validation des autorités de la concurrence, pourrait être bouclée au second semestre 2019.

Pression des acteurs du hard-discount

Cette annonce intervient dans un contexte de concurrence effrénée dans le secteur des supermarchés au Royaume-Uni, où les acteurs historiques sont sous pression compte tenu de la montée en puissance accélérée des enseignes de hard-discount comme les allemands Aldi et Lidl.

Le géant Tesco s'est d'ailleurs renforcé en bouclant début mars l'acquisition du principal grossiste alimentaire du Royaume-Uni, Booker, pour 3,9 milliards de livres.

Au-delà du secteur alimentaire, les distributeurs traditionnels connaissent des temps difficiles dans le pays, entre la concurrence majeure de la vente en ligne et la difficulté à fidéliser des clients au pouvoir d'achat comprimé par une inflation dopée par la perspective du Brexit.

J.-C.C. avec AFP