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La fronde des Parisiens contre leurs voisins qui abusent d'Airbnb

Après les hôteliers et la mairie, la plateforme de location entre particuliers Airbnb est maintenant dans le viseur de nombreux Parisiens. Certains sont entrés en guerre contre leurs voisins qui louent leur logement en continu aux touristes. Une association veut inciter à les dénoncer.

Des Parisiens en ont assez de voir leur immeuble se transformer en hôtel. La location saisonnière entre particuliers est en plein boom à Paris, alors que la capitale est la première destination au niveau mondial sur Airbnb. La plateforme revendique 70.000 annonces pour Paris et sa banlieue. 

Si certains en tirent profit pour ponctuellement arrondir leurs fins de mois, d'autres ont transformé des appartements en logements saisonniers permanents. Dans le 17e arrondissement, Caroline fait partie des habitants qui veulent mettre fin à cette pratique. Dans sa cour, face à sa fenêtre, un appartement est loué sur Airbnb en continu par son propriétaire, engendrant selon elle des nuisances de voisinage au quotidien.

"Il est fréquenté tout au long de l'année non stop par des gens qui ne sont pas de l'immeuble. Ce sont des personnes qui viennent en vacances, qui louent des appartements à plusieurs. On a donc soit de la musique, soit des portes qui claquent, soit des discussions dans la cour parce qu'ils fument dans la cour", explique-t-elle à BFM Paris. 

Une "forme de délation" assumée

Airbnb serait-il en passe de devenir le cauchemar des voisins? C'est ce que dénonce Didier Hassan, président de l'association "Pas d'hôtel clandestin dans mon immeuble" (PADHOCMI). Engagé contre les propriétaires qui abusent, il veut inciter les Parisiens à les dénoncer et assume la démarche.

"Il faut engager les copropriétaires à écrire à la mairie de Paris qui a un service de contrôle pour signaler les abus. Certains parlent de délation, oui c'est une forme de délation et alors? Est-ce que vouloir faire respecter le droit c'est de la délation? Non, c'est juste expliquer aux services de la mairie qui sont particulièrement sensibilisés, qu'il y a des abus", explique-t-il. 

20.000 logements

À Paris, la location saisonnière est normalement limitée à 120 jours par an. Au-delà, une autorisation préalable est nécessaire. Mais des propriétaires passent outre et de nombreux logements basculent de l'habitat classique à la location saisonnière. Dans Le Parisien la semaine dernière, l'adjoint au Logement Ian Brossat estimait à 20.000 le nombre de ces logements.

"Ce phénomène est nocif car il entraîne une hausse de loyers doublée d'une augmentation des prix de l'immobilier. Il alimente la spirale de la spéculation à Paris", ajoutait Ian Brossat. 

Dans certains arrondissements du centre de Paris, les meublés touristiques peuvent représenter jusqu'à 20% de l'offre locative globale, comme sur l'île Saint-Louis dans le 4e arrondissement par exemple. Contre les abus, la mairie de Paris a décidé début 2017 de renforcer son service dédié aux contrôles en passant de 20 à 25 agents.

Carole Blanchard avec Thomas Pernette