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La Jeune rue, ce fiasco parisien qu'une start up veut faire oublier 

La rue de Vertbois dans le IIIème arrondissement alias "La Jeune Rue" devrait accueillir 10 commerces éphémères pour faire oublier le flop de l'ambitieux projet précédent

La rue de Vertbois dans le IIIème arrondissement alias "La Jeune Rue" devrait accueillir 10 commerces éphémères pour faire oublier le flop de l'ambitieux projet précédent - CC

Après le flop du projet initial qui devait transformer cette rue de Paris en "spot" branché dédié à la gastronomie, Hop Shop veut relancer la Jeune rue avec des boutiques éphémères

"On l’annonce comme sinistrée, carbonisée, mais on pense pouvoir la relancer." Ludovic Delaherche, le co-fondateur du site HopShop veut redonner vie à la Jeune Rue. La Jeune rue Quèsaco ? Il s’agit d’un projet un peu fou lancé en 2014 par un jeune entrepreneur inconnu, Cédric Naudon, qui comptait transformer une rue un peu morte du IIIème arrondissement parisien (la rue du Vertbois) en lieu branché dédié à la gastronomie et aux commerces de bouche d’exception. Un projet à 30 millions d’euros, alléchant sur le papier, qui a fini par capoter faute d’une gestion financière rigoureuse et ce malgré le soutien de trois organismes financiers dont la Banque Publique d’Investissement (BPI). En janvier selon Le Nouvel Obs, le montant des impayés s’élevait à quelque 5 millions d’euros. Au final, sur les 36 commerces initialement prévus, seuls deux ont fini par voir le jour. 

L'équipe de HopShop qui veut relancer la Jeune Rue
L'équipe de HopShop qui veut relancer la Jeune Rue © Thomas Samson - AFP

Mais voilà qu’arrivent deux jeunes entrepreneurs, Ludovic Delaherche et Nicolas Jambin, co-fondateurs de HopShop, un site spécialisé dans la location d’emplacement commerciaux éphémères (dits "pop-up stores") et qui veulent redonner un semblant de vie au projet. Leur idée: créer 10 boutiques éphémères dans la rue du Vertbois entre le 4 et le 18 juillet afin de recréer une dynamique dans cette rue sinistrée. Pour cela, ils ont réussi à convaincre le propriétaire de 10 emplacements, un peu échaudé par le projet précédent, de les leur mettre à disposition pour deux semaines. Pour financer l’opération dont le coût avoisine les 28.000 euros, HopShop a lancé une campagne de crowfunding sur le site KissKissBankBank. "L’idée, explique Nicolas Jambin, c’est d’impliquer les gens dans ce projet, les riverains notamment qui ont été très déçus que la Jeune Rue ne se fasse pas."

Cédric Naudon veut assigner

Si la campagne de crowfunding réussit (36% des 28.000 euros ont pour l’heure été récoltés), HopShop mettra les locaux à la disposition de 20 marques (principalement textiles comme Faguo ou Ma Petite Culotte mais aussi quelques commerces de bouche) et se rémunérera en prenant 25% du chiffre d’affaires de chacune sur la période. La Ville de Paris, refroidie par le fiasco du précédent projet, attend de voir comment va évoluer l’affaire avant de s’engager et d'éventuellement aider ce projet de commerces éphémères.

En tout cas, pour les petites marques, bénéficier d’un pop-up store à l’œil est déjà une aubaine. "Nous en avons ouvert un en juin dans Paris près de la rue des Rosiers et ça nous coûte tout de même 10.000 euros pour le mois", explique Charline Goutal, la créatrice du site de sous-vêtements féminins Ma Petite Culotte.

Ce projet ne plait évidemment pas du tout à Cédric Naudon qui accuse HopShop d’avoir volé son idée et menace de les assigner. Ludovic Delaherche tempère : "D’abord Cédric Naudon n’est pas propriétaire du nom la Jeune Rue et ensuite notre projet n’a rien à voir avec le sien, nous ne voulons pas le vampiriser. On espère sincèrement que lui ou un autre réussira à faire quelque chose de cette rue après nous." Car après le 18 juillet, la rue du Vertbois aura retrouvé la quiétude qu'apprécient sans doute une partie de ses riverains.

Frédéric Bianchi