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La justice valide le rachat de Valeurs actuelles

Le magnat franco-libanais Iskandar Safa est l'actionnaire principal des CMN (Constructions mécaniques de Normandie)

Le magnat franco-libanais Iskandar Safa est l'actionnaire principal des CMN (Constructions mécaniques de Normandie) - Valeurs actuelles

Le groupe d'expertise comptable Fiducial, candidat malheureux au rachat, l'avait contesté via de multiples procédures. En vain.

Il y a deux ans, les laboratoires Pierre Fabre vendaient Valeurs actuelles au trio Etienne Mougeotte-Charles Villeneuve-Iskandar Safa. Candidat malheureux au rachat, le groupe d'expertise comptable Fiducial a lancé une offensive juridique tous azimuts pour le contester. Mais il a successivement perdu ses recours les uns après les autres. 

Libanais et français

D'abord, Fiducial affirmait que Iskandar Safa ne possédait pas la nationalité française, et dès lors que ce rachat violait une loi de 1986 interdisant à un étranger de détenir plus de 20% d'un média français. Le 5 octobre 2015, Fiducial avait donc saisi la justice sur ce point. Mais le magnat libanais a fourni un passeport français valide, et la plainte a été classée sans suite il y a quelques mois. 

Ensuite, le groupe d'expertise comptable avait saisi en référé le tribunal de commerce de Paris pour suspendre le rachat et obtenir le contrat de vente. Débouté, il a fait appel, mais vient de perdre à nouveau, et condamné à rembourser 5.000 euros de frais de procédure. 

Rachat pour 7,5 millions d'euros

Enfin, et non des moindres, Fiducial avait saisi au fond le tribunal de commerce pour faire annuler la vente. Il affirmait être parvenu à "un accord parfait sur la chose et le prix" (7,5 millions d'euros) avec les laboratoires Pierre Fabre, mais que ces derniers ont rompu les négociations de manière "brutale et abusive". Il réclamait soit le rachat de l'hebdomadaire classé à droite pour 7,5 millions d'euros, soit 10 millions d'euros de dommages pour réparer le préjudice. 

Mais il vient encore d'être débouté par le tribunal, qui l'a condamné à rembourser 65.000 euros de frais de procédure. Pour les juges consulaires, "Pierre Fabre n'a pas rompu abusivement les négociations". En effet, "aucun document permet de considérer que les parties étaient parvenues à un projet d'accord au 1er trimestre 2015". Certes, il existe bien une lettre de Fiducial datant du 27 décembre 2014 où le groupe lyonnais se dit prêt à racheter l'hebdomadaire pour 7,5 millions d'euros. Mais cette lettre indique explicitement être "non engageante". Pour les juges, "ce message ne révèle pas l'intention des parties de conclure une vente parfaite, mais constitue seulement un accord de principe. Il n'engageait pas Fiducial et ne constitue pas un accord ferme et définitif des parties sur l'opération". 

Echec sur l'Express

Fiducial affirmait aussi que cet épisode l'avait ensuite empêché de racheter l'Express, mais cet argument n'a pas non plus été retenu par les juges. Rappelons que, outre Valeurs actuelles et l'Express, le groupe lyonnais a aussi tenté -toujours en vain- de racheter l'Expansion, la Tribune, Nice matin, ou TLM. Il a aussi déposé une candidature pour une chaîne TNT, mais sans succès, le projet n'ayant recueilli aucune voix parmi les 9 sages du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel). Il avait déposé un recours en Conseil d'État contre ce refus, puis l'a retiré ensuite.

Fiducial, qui revendique un chiffre d'affaires de 1,6 milliard de dollars en 2016, est toutefois parvenu à racheter le mensuel Lyon capitale et la station Sud radio.

Contactés, Fiducial et Etienne Mougeotte se sont refusés à tout commentaire, tandis que Pierre Fabre n'a pas répondu.

Les chiffres-clés de Valmonde (éditeur de Valeurs actuelles)

Actionnaire

Prinvest Medias, détenue à 20% par Etienne Mougeotte, 20% par Charles Villeneuve, 20% par Iskandar Safa, et 40% par la société libanaise PI Dev SAL

Chiffre d'affaires (en millions d'euros)
2013: 15,3
2014: 18,1
2015: 19,6

Résultat net (en millions d'euros)
2013: -0,17
2014: +0,17
2015: -2,5

Source: registre du commerce

Jamal Henni