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La menace des talents d'Ubisoft à Vincent Bolloré

Yannis Mallat, un des salariés d'Ubisoft qui raconte dans la vidéo en quoi travailler en toute liberté garantit la qualité de leurs jeux.

Yannis Mallat, un des salariés d'Ubisoft qui raconte dans la vidéo en quoi travailler en toute liberté garantit la qualité de leurs jeux. - Capture d'écran YouTube

Dans la bataille entre Vivendi et la famille fondatrice d'Ubisoft, les salariés prennent clairement le parti des Guillemot. Ils préviennent qu'ils quitteront le navire si Bolloré parvient à contrôler l'éditeur de jeux vidéo.

Semaine décisive pour Ubisoft, le géant français des jeux vidéo. L'assemblée générale du groupe qui se tient ce jeudi devrait se transformer en duel. D'un côté la famille Guillemot, qui a fondé et dirige l'entreprise, et ne compte pas la laisser lui échapper comme Gameloft. Elle détient 13% du capital. De l'autre, Vivendi, qui s'est invité chez Ubisoft, et détient aujourd'hui 23% de l'éditeur de jeux vidéo.

Son patron, Vincent Bolloré, exige une place au conseil d'administration en vue d'une possible prise de contrôle. Le prédateur qui détient un peu plus de 20% des droits de vote doit atteindre 50% pour faire voter la résolution. Il s'active donc pour rallier des actionnaires.

Pendant ce temps, la famille Guillemot échafaude sa défense. Elle s'appuie sur des salariés prêts à la mobilisation générale pour faire barrage à Vivendi. Des milliers d'entre eux ont affiché leur visage, leur portrait, sur un site internet en forme de pétition. Pour défendre l'indépendance de l'entreprise, certains prennent même la parole dans une vidéo postée sur YouTube (ci-dessous). Une vidéo abondamment relayée sur les réseaux sociaux sous le hashtag #weareubisoft.

La famille Guillemot en a fait sa ligne de défense: si Vivendi prend le contrôle, les talents partiront. Des développeurs de jeux vidéo, attachés à leur liberté de création, à une organisation décentralisée, à la multitude de studios plus ou moins indépendants avec lesquels ils ont le choix de collaborer. Jamais ils n'accepteront d'être noyés dans un grand conglomérat qui, disent-ils, ne comprend rien à leur industrie. 

Ils prennent l'exemple d'Activision, le géant américain des jeux vidéo, ancienne filiale de Vivendi. L'industriel ne l'a-t-il pas revendu en 2014, justement parce que le management d'Activision n'a jamais réussi à s'entendre avec celui de Vivendi, à s'intégrer dans sa galaxie? Et depuis qu'elle a retrouvé sa liberté, la firme de jeu vidéo qui s'était perdue n'a-t-elle pas retrouvé le chemin du succès?

Les difficultés de Canal+, contrôlé par Bolloré, apportent encore de l'eau à leur moulin. Non seulement elles ont davantage refroidi les équipes, mais elles sont aussi devenues un symbole de leur combat. Quand Yann Barthes, qui a quitté Canal, pour le groupe TF1, a fait un carton d'audience dès la première de sa nouvelle émission, la famille Guillemot n'a pas boudé son plaisir. "C'est bien la preuve de la supériorité des talents sur les structures", a lancé dans un tweet jubilatoire un des frères Guillemot.

Simon Tenenbaum, édité par N.G.