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La mise en demeure de Radio Courtoisie confirmée

Radio Courtoisie contestait pour la première fois une sanction du gendarme de l'audiovisuel

Radio Courtoisie contestait pour la première fois une sanction du gendarme de l'audiovisuel - Thomas Samson AFP

Le Conseil d'Etat a confirmé la mise en demeure adressée à la radio par le gendarme de l'audiovisuel, après ses propos sur les QI des races.

Le 21 mai 2012, lors de l'émission Le libre journal d'Henry de Lesquen sur Radio Courtoisie, l'animateur avait abordé le quotient intellectuel de différentes races.

Précisément, il avait déclaré: "quand [Jules Ferry] affirme qu'il y a des 'races inférieures' et des 'races supérieures', tout est une question d'appréciation. Mais il faut tout de même savoir, ça c'est un fait, que, pour ce qui est des examens et analyses de quotient intellectuel (...), il y a aux Etats-Unis entre les noirs africains et le reste de la population un écart de 15 points. Et la dernière étude publiée dans une revue scientifique anglaise par Jensen nous révèle qu'entre les noirs d'Afrique et les blancs d'Europe ou des Etats-Unis l'écart est de 30 points. Alors, c'est une valeur moyenne, mais c'est considérable. Et quand on parle du développement de l'Afrique et de son retard en matière historique, en matière de développement, il faut avoir à l'esprit cet écart de quotient intellectuel qui est évidement considérable."

Première contestation

Ces propos avaient valu à la station une mise en demeure du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel). C'était loin d'être une première, la radio classée à droite étant régulièrement épinglée par le gendarme de l'audiovisuel pour des propos tenus à l'antenne (cf. ci-dessous). Mais cette fois, Radio Courtoisie a décidé -pour la première fois- de contester cette mise en demeure devant le Conseil d'Etat.

Les juges du Palais Royal l'ont débouté et confirmé la décision du CSA, qui n'a pas "commis d'erreur d'appréciation".

Liberté d'expression

Précisément, le gendarme de l'audiovisuel a estimé que Radio Courtoisie n'avait pas respecté sa convention d'émettre conclue avec le CSA. Ce texte stipule que la station "doit veiller à ne pas encourager des comportements discriminatoires à l'égard des personnes en raison de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée". 

Le Conseil d'Etat a estimé que les propos tenus à l'antenne étaient bien contraires à la convention, car "postulant une inégalité intellectuelle en fonction de l'origine et de la couleur de peau".

Radio Courtoisie a bien argué que cette clause de sa convention "méconnaît la liberté d'expression", mais cet argument a aussi été rejeté par la haute juridiction.

En outre, le CSA comme le Conseil d'Etat ont estimé que Radio Courtoisie n'avait pas assuré "la maîtrise de son antenne", autre obligation qui figure dans sa convention. 

Contacté, Radio Courtoisie n'a pas répondu.

Les procédures du CSA contre Radio Courtoisie

1997: mise en demeure suite à la diffusion de propos révisionnistes

2003: envoi d'une lettre

2004: lettre puis mise en demeure suite à des propos sur les musulmans

2004: mise en garde (lettre) suite à des propos sur les juifs

2005: lettre suite à des propos sur des personnes d'origine africaine

2005: sanction (lecture d'un communiqué à l'antenne) suite à des propos sur les émeutes en banlieue

2007: mise en demeure suite à des propos sur les homosexuels

2012: mise en demeure suite à des propos sur les noirs

2013: mise en demeure suite à des propos sur le mariage homosexuel

NB: la procédure du CSA comprend trois niveaux selon la gravité du manquement: d'abord lettre de mise en garde, puis mise en demeure, et enfin sanction

Source: site du CSA

Jamal Henni