BFM Business
Transports

La Norvège étudie un tunnel routier immergé et flottant entre ses fjords

L'administration norvégienne des routes propose de créer les premiers tunnels suspendus sous l'eau. L'automobiliste gagnerait du temps en traversant ses fjords sans prendre de ferry, comme aujourd'hui.

La Scandinavie serait-elle le paradis des ingénieurs en quête d'ouvrages d'art innovants ? Après le projet de tunnel construit à bases d'éléments immergés au Danemark, la Norvège réfléchit à des tunnels routiers flottants sous l'eau. En effet, la beauté des fjords norvégiens est toute relative pour les automobiles autochtones. Il leur faut entre 20 et 30 heures pour effectuer les 1.100 kilomètres séparant la grande ville de Trondheim, au nord du pays, à Kristiansand à l'extrême sud, par la route côtière de l'ouest. La longueur de ce trajet est imposée par la côte très découpée qui contraint l'automobiliste à emprunter jusqu'à sept ferrys, nécessaires pour traverser les fjords en circulant sur la route principale reliant ces deux villes.

Outre qu'ils sont très nombreux avec des eaux parfois très profondes (jusqu'à 1.000 mètres et plus), les fjords sont inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. Construire des ponts en surface, ou tout au fond de l'eau, avec cette configuration, relève de l'exploit. D'où l'idée de l'administration norvégienne des routes publiques (NPRA) de concevoir un ouvrage d'art hybride: un tunnel suspendu sous l'eau installé dans les différents fjords. Le gain de temps pour l'automobiliste serait énorme. Son temps de trajet passerait à 11 heures au lieu de plus de 20 heures actuellement, avec une distance raccourcie de 50 kilomètres.

Les tunnels flottants seraient immergés à 30 mètres sous l'eau

Ce projet unique au monde par sa conception repose sur deux tubes de béton géants (un pour chaque file de véhicule circulant dans chaque sens) immergés à environ 30 mètres sous l'eau. Cette profondeur serait suffisante pour éviter toute collision avec les navires et bien inférieure à celle pouvant gêner d'éventuels sous-marins. Les tunnels seront arrimés par des câbles au fond de l'eau et retenus à la surface par des pontons flottants. L'ouvrage serait a priori suffisamment solide flexible pour affronter la force des courants et des marées, même si des études complémentaires doivent être menées à ce sujet.

Comme pour un tunnel classique, des évacuations sont prévues tout les 125 mètres vers la surface, via les pontons. Une solution qui présente l'avantage de laisser passer les bateaux en surface, de préserver la beauté des paysages et de limiter les désagréments pour la faune sous-marine.

Les études de faisabilité ne sont pas achevées. Une décision finale donnant le feu vert à ce projet étonnant est attendue à la fin de 2016. Les travaux pourraient débuter aux alentours de 2035 sachant que les solutions alternatives comme le pont suspendu ne sont pas abandonnées à ce stade.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco