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La Norvège veut-elle vraiment bannir l'essence et le diesel dès 2025?

En Norvège, 25% des voitures vendues en 2015 étaient des électriques. En mars dernier,  elles ont atteint 30% des ventes.

En Norvège, 25% des voitures vendues en 2015 étaient des électriques. En mars dernier, elles ont atteint 30% des ventes. - Pierre-Henry Deshayes - AFP

"Jusqu'à maintenant, la Norvège a favorisé les ventes de véhicules électriques à coups de généreuses subventions. Mais ce gros producteur de pétrole pourrait changer de méthode. Dans 10 ans, les Norvégiens seront-ils contraints de ne rouler qu'à l'électrique?"

La Norvège est aujourd'hui, de loin, le pays préféré de Tesla. Elon Musk n'hésite jamais à louer la politique favorable aux voitures électriques de cet État qui doit sa fortune à ses réserves de pétrole. Vendredi 3 juin, le patron du constructeur automobile californien s'est donc empressé de rendre hommage à Oslo sur Twitter après avoir lu un article d'un journal norvégien, le Dagens Næringsliv sur un projet du gouvernement. On y apprenait que la vente de voitures à moteur thermique (essence, diesel ou gaz) serait bannie dès 2025.

Pour Tesla, comme pour tous les constructeurs qui disposent de voitures électriques dans leur catalogue, la nouvelle avait de quoi donner le sourire. Au regard de la population de ce pays, les ventes du constructeur californien y atteignent déjà des niveaux impressionnants. En 2015, comme en 2014, plus de 4.000 Model S neuves y ont été immatriculées. Un succès qui, pour le moment, tient avant tout aux très généreuses subventions qu'accorde l'État aux acquéreurs de véhicules électriques.

De la carotte au bâton

Ces derniers sont exonérés de TVA et des autres taxes qui renchérissent de 50% le prix des automobiles à moteur thermique. En mars dernier, un tiers des voitures vendues étaient des voitures électriques. Mais le temps de la carotte est de toute évidence révolu, l'objectif fixé par le gouvernement -50.000 voitures électriques vendues grâce à ces subventions- ayant été atteint.

Le gouvernement aurait donc décidé de passer à une nouvelle phase qui s'apparente sans équivoque à celle du bâton. Sauf que le AftenPosten, un autre média norvégien, cité par Numerama, se montre plus circonspect. Le projet présenté comme ficelé par le Dagens Næringsliv ne fait pas l’unanimité au sein du gouvernement norvégien.

Le désaccord entre les membres de la coalition gouvernementale ne porte pas sur le fond, mais sur le calendrier que certains trouvent trop ambitieux ainsi que sur la méthode. Les écologistes, pionniers sur le sujet, prônent eux d'attendre 2030 pour délaisser définitivement les moteurs thermiques.

D'autre part, selon Ola Elvestuel, membre du parlement et président de la commission écologie et énergie, l'annonce du Dagens Næringsliv serait "trompeuse". "Le gouvernement veut effectivement éliminer les émissions polluantes, mais il n'a pas encore évoqué l'interdiction des ventes de véhicules à moteur thermique", a-t-il indiqué sans pour autant démentir catégoriquement les affirmations que le Dagens Næringsliv a publié en Une.

Pascal Samama