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La Poste rêve de livrer des colis par drone avant Amazon

Le drone de GeoPost peut voler à la vitesse de 30 km/heure durant une quarantaine de minutes.

Le drone de GeoPost peut voler à la vitesse de 30 km/heure durant une quarantaine de minutes. - Photo La Poste

Le succès des premiers vols de son prototype et ses bonnes relations avec la DGAC, lui donnent de sérieux espoirs d'envisager avant 2020 les premières livraisons à ses clients.

Qui d’Amazon ou de La Poste fut le premier à y penser? A en croire les dirigeants de GeoPost, la filiale du groupe public français dédiée au transport de marchandises, l’idée d’utiliser des drones pour livrer des colis a été formalisée au printemps 2014. Après donc que Jeff Bezos a montré dans une émission sur CBS son futur drone facteur. 

Mais si La Poste ne peut pas revendiquer la paternité de l’idée, elle espère au moins être la première à exploiter ses drones en France. Son atout? Ses relations privilégiées avec la DGAC, le gendarme du ciel.

Car aux Etats-unis, Amazon peine à convaincre la Federal Aviation Administration (FAA) de revenir sur son projet de réglementation visant à n’autoriser le vol de drones commerciaux que s’ils restent dans le champ de vision du pilote. De quoi clouer à jamais au sol les drones de Bezos. 

Une ligne expérimentale de 14 km

La Poste se dit, elle, ravie de ses relations avec la DGAC. Comme elle l'est du partenaire industriel choisi pour cette aventure, la société Atechsys. Le prototype conçu pour elle par ses ingénieurs a effectué l’an passé son premier transport d’un colis de 3 kilos sur une distance de 1.200 m, intégrant le décollage, le vol, l’atterrissage puis le retour à la base de départ. Un premier test positif mené au Ceema (Centre d’Etudes et d’Essais pour Modèles Autonomes, installé à Pourrières dans le Var,), un campus dédié aux drones civils de dernière génération dont Atechsys est le maître d’œuvre.

La Poste attend désormais le feu vert de la DGAC pour tester ce drone sur une "ligne expérimentale" de 14 kilomètres entre le Ceema et le village de Saint-Maximin dans le Var. Indispensable pour valider ses données techniques : avec ses six rotors et son GPS embarqué, il est capable de parcourir jusqu’à 20 kilomètres à la vitesse maximale de 30 km/heure. Mais il faut tout tester. Le prototype a déjà été doté d’un parachute qui se déclenche dès que sa vitesse devient anormalement élevée, signe qu’il est en perdition. Il comprend également une double batterie et un double système de cartes électroniques. De quoi parer aux principaux risques de panne.

Livrer des villages que la neige rendent inaccessibles

Car ce drone a une particularité: il peut voler de façon totalement automatique. La présence d’un pilote n’est requise que pour des raisons réglementaires. Les partenaires de GeoPost ont également mis au point un petit "terminal" permettant au drone de décoller et d’atterrir dans les meilleures conditions sans risque pour le colis transporté.

Il pourrait à terme équiper les "points relais" isolés où GeoPost ne peut se rendre de façon quotidienne par la route. Installé par exemple dans un jardin, il permettrait aux commerçants chargés de collecter les colis pour le compte du destinataire final d’être livrés de façon plus régulière.

Mais La Poste compte aussi sur les drones pour assurer des livraisons dans des zones où l’acheminement par la route est impossible: certaines îles et zones montagneuses, par exemple, mais aussi des localités rendues provisoirement inaccessibles par une inondation ou de fortes chutes de neige. La Poste ne veut néanmoins pas s’engager sur la date de sa première livraison à un vrai client. Avant 2020? Probablement. Du moins si les relations avec la DGAC restent aussi bonnes qu’elles le sont aujourd’hui.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco