BFM Business
Services

La réalité augmentée au service des pompiers

Lors de leurs interventions, les soldats du feu rencontrent souvent des problèmes de visibilité en raison de l'opacité de la fumée et de l'obscurité. La start-up Darix finalise un casque qui leur permet d'évoluer en toute sécurité.

Pour intervenir lors d'un incendie, chaque minute compte pour trouver le foyer et aller secourir d'éventuelles victimes. Mais les pompiers sont bien souvent ralentis dans leur progression à cause de la fumée qui les oblige à avancer à pas comptés. Certaines casernes se sont équipées d'une caméra thermique qui, grâce aux ondes de chaleur, permet de distinguer les murs, les embûches et les personnes à secourir. Le problème: les pompiers doivent la tenir à la main, alors qu'ils en ont bien besoin pour évoluer dans cet environnement dangereux et effectuer leurs opérations.

Un premier prototype il y a trois ans

La start-up Darix, spécialisée dans la réalité virtuelle appliquée aux problématiques du monde professionnel, a travaillé aux côtés des soldats du feu pour développer une solution alliant ergonomie et efficacité. Le résultat : un système de vision infrarouge intégrée au casque.

"Nous avons développé un système qui permet de diffuser les images thermiques sur un écran transparent. Cela ajoute un couche d'informations par-dessus le champ de vision", explique Adrien Birbaumer co-fondateur de Darix. Le premier prototype a été créé il y a trois ans au sein du laboratoire de l'école polytechnique de Lausanne. Les ingénieurs ont d'abord voulu utiliser les lunettes de réalité virtuelle disponibles dans le commerce. Mais ils se sont heurtés à leur ergonomie, incompatible avec les masques ARI, ces appareils qui permettent aux pompiers de respirer même au milieu des fumées toxiques. Les ingénieurs de Darix ont donc travaillé avec leurs propres lunettes pour mettre au point le système d'affichage des données en surimpression.

Des images en surimpression qui s'affichent en continu

Puis à la fin de l'année 2016, ils ont amélioré le système en intégrant un écran transparent qui prend place derrière la visière. Pour des raisons de protection de propriété intellectuelle, la start-up ne dévoile pas d'image de ce second prototype. Mais elle assure que le champ de vision est plus large et a l'avantage de s'adapter à toutes les morphologies de visage. Un système de code couleur, plus sophistiqué que le simple rouge pour le chaud et le bleu pour le froid, permet aux pompiers de repérer tous les détails de leur environnement. L'image s'affiche en surimpression de façon continue et fluide, ce qui le rend plus performant que les modèles concurrents, avance le cofondateur de Darix. 

Les images issues de la caméra thermique se surimposent au champ de vision du pompier.
Les images issues de la caméra thermique se surimposent au champ de vision du pompier. © Darix

Les ingénieurs ont aussi travaillé sur la miniaturisation de l'électronique : actuellement la caméra, fixée sur le casque, pèse environ 200 grammes, et le système de traitement et d'affichage de l'image pèse une centaine de gramme. Il n'y a plus besoin de prendre une sacoche pour transporter la batterie comme dans le premier prototype.

Une mise sur le marché prévue à la mi-2008

Actuellement le casque est testé dans un centre de formation pour pompiers afin de vérifier son efficacité, sa maniabilité et s'adapter en fonction des remontées des pompiers. Darix compte finaliser ce deuxième prototype en septembre. Dès lors, il devra passer par des tests de certifications avant de passer à la phase industrielle. La mise sur le marché devrait intervenir à la fin du premier semestre 2018. Le prix reste à fixer. "cela devrait être dans la même gamme de prix que les caméras thermiques, c'est à dire entre 2000 et 7000 euros" avance prudemment Adrien Birbaumer.

La start-up voit grand. "Nous visons un marché plus grand que celui des caméras thermiques. Nous avons l'ambition que le casque devienne un standard de l'équipement des pompiers, tout comme l'est l'ARI", prévoit le co-fondateur de Darix. Même si dans un premier temps, cet équipement sera probablement réservé à certains pompiers du corps actif, il espère que chacun en sera équipé à terme. Ce qui permettra de faire baisser le prix du casque.

Coralie Cathelinais