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La réforme fiscale américaine réduit la rentabilité d'Alphabet, maison-mère de Google

Alphabet, maison-mère de Google, a publié des résultats en hausse.

Alphabet, maison-mère de Google, a publié des résultats en hausse. - Leon Neal - AFP

Le groupe a publié des résultats en hausse, mais il a subi une perte nette de 3,02 milliards en fin d'année à cause de la réforme fiscale américaine.

Alphabet, la maison-mère de Google, a vu ses ventes nettement progresser en 2017, toujours portées par les recettes publicitaires mais la forte augmentation de ses coûts a pesé sur ses profits. Le groupe Alphabet, créé en 2015 pour chapeauter Google et d'autres activités, a en outre nommé un nouveau président de son conseil d'administration, l'homme d'affaires John Hennessy, qui était déjà membre du conseil, en remplacement d'Eric Schmidt, figure historique de Google depuis ses débuts, dont le départ avait été annoncé fin 2017.

Selon ses résultats annuels, le chiffre d'affaires du dernier trimestre est en hausse de 24% à 32,3 milliards de dollars, mieux que prévu, et il atteint 110,9 milliards de dollars sur l'année entière (+23%), un peu au-dessus des attentes des analystes. Mais le groupe a subi une perte nette de 3,02 milliards en fin d'année à cause de la réforme fiscale américaine, qui a entraîné une charge exceptionnelle pour impôts d'environ 10 milliards de dollars au dernier trimestre.

Conséquence logique, le bénéfice net annuel a franchement reculé (-35%) à 12,7 milliards de dollars, grevé non seulement par la charge fiscale du dernier trimestre, mais aussi par l'amende de 2,7 milliards de dollars (2,4 milliards d'euros) infligée l'été dernier par la Commission européenne pour abus de position dominante. Même ajusté de cette perte exceptionnelle, le bénéfice par action du dernier trimestre, référence en Amérique du Nord, n'a atteint que 9,70 dollars, moins qu'anticipé par les analystes.

Les coûts d'acquisition inquiètent

Mais ce sont les "coûts d'acquisition" de trafic (TAC) de Google qui ont semblé le plus inquiéter car ils ont bondi de plus de 30%, à 6,45 milliards sur le trimestre. Ces TAC, l'élément le plus scruté par les investisseurs, sont les sommes reversées à des tiers pour assurer par exemple à Google d'être le moteur de recherche par défaut sur des appareils ou des systèmes d'exploitation. Ils ont représenté 24% de ses recettes publicitaires (contre 22% fin 2016). Cette hausse est due notamment au fait que ces coûts sont plus élevés dans le mobile, segment en croissance pour Google, a expliqué la directrice financière Ruth Porat en conférence téléphonique, qui a prévenu que ces coûts allaient encore augmenter avant de ralentir après le premier trimestre.

"Nous sommes concentrés sur la construction d'une seconde vague de croissance chez Google à moyen et long terme, notamment via les activités qui croissent bien en terme de chiffre d'affaires, comme le cloud, les appareils et YouTube", a-t-elle aussi assuré. Malgré un "bon dernier trimestre", "la forte hausse du chiffre d'affaires a été dissimulée par la hausse des coûts et la baisse des marges", a résumé l'analyste Brian Wieser, de Pivotal Research group, qui note qu'outre les TAC, Alphabet dépense beaucoup en contenus, data centers et pour ses appareils électroniques (smartphone, enceintes connectées...). La marge opérationnelle s'est contractée d'un point à 24% au dernier trimestre.

27,2 milliards de dollars de recettes publicitaires

C'est comme d'habitude, les recettes publicitaires de Google qui ont fait figure de moteur: elles ont atteint 27,2 milliards de dollars, contre 22,4 milliards fin 2016. La division Google en entier, qui comprend notamment YouTube, a vu son chiffre d'affaires trimestriel atteindre près de 32 milliards de dollars (+24%).

Les autres activités futuristes d'Alphabet, appelées "Other best", qui recouvre ses filiales santé (Verily) ou Nest (domotique), ont rapporté 410 millions de chiffre d'affaires, mieux que fin 2016 (262 millions), et 1,2 milliard sur l'année. Mais les "Other bets" ont accusé une perte opérationnelle sur le trimestre de 916 millions, un peu réduite cependant par rapport au dernier trimestre 2016, grâce à une baisse des investissements dans la fibre. Sans la charge exceptionnelle, le taux d'imposition du dernier trimestre était de 15%.

D. L. avec AFP