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La salmonelle n'a jamais été éradiquée de l'usine de Craon et Lactalis le savait

La salmonelle n'aurait jamais disparu de l'usine de Craon depuis uen première contamination en 2005, avant son rachat par Lactalis.

La salmonelle n'aurait jamais disparu de l'usine de Craon depuis uen première contamination en 2005, avant son rachat par Lactalis. - Damien Meyer - AFP

Des contrôles effectués par Lactalis en 2009, 2011 et 2014 ont révélé la présence de salmonelle dans l'usine de Craon et ses produits. Et le groupe français n'en a jamais rien dit aux autorités.

Parmi les nombreux manquements soupçonnés de Lactalis dans l'affaire de la contamination à la salmonelle de ses laits infantiles, qui a touché au moins 38 nourrissons, celui-ci est sans doute celui qui génère le plus l'écoeurement.

L'industriel qui a racheté en 2006 l'usine de Craon en Mayenne, déjà victime d'une contamination à la salmonelle en 2005, a effectué des contrôles qui se sont révélés positifs à la bactérie ces dernières années. Sans en transmettre les résultats aux autorités, révélait Le Parisien mercredi.

Une information confirmée par Patrick Dehaumont, directeur général de l'Alimentation (DGAL), rattaché au ministère de l'Agriculture. Lors d'une audition au Sénat mercredi, ce haut fonctionnaire a affirmé que Lactalis n'avait pas transmis les résultats d'autocontrôles positifs à la salmonelle de son usine de Craon, lors des inspections menées ces dernières années par les services sanitaires.

Lactalis prétend que la salmonelle est réapparue en 2017

Ces contrôles positifs à la salmonelle auraient été effectués en 2009 et 2014. Comme deux autres positifs intervenus en août et en novembre 2017, dont on connaissait déjà l'existence, la salmonelle a été détectée sur du matériel de nettoyage et du carrelage. Pas sur les produits eux-mêmes.

C'est d'ailleurs l'argument avancé par Lactalis pour n'avoir rien dit. Ses dirigeants affirment que seuls les tests positifs sur le produit lui-même doivent faire l'objet d'une communication à l'État. Sauf que, comme l'a révélé Patrick Dehamont mercredi, un autre contrôle, datant de 2011, avait attesté de la présence de la bactérie dans les produits!

Ces révélations sont donc en contradiction flagrante avec les déclarations du PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, qui prétend que la salmonelle est réapparue en 2017 dans l'usine de Craon.

L'industriel n'est par ailleurs pas le seul à avoir menti dans cette affaire où la responsabilité des distributeurs et de l'État est elle aussi mise en cause en justice, par des associations de consommateurs et des familles. Alors que presque tous les distributeurs ont reconnu avoir continué à vendre des produits rappelés par Lactalis après les alertes, Auchan et Carrefour ont été encore plus loin: ils ont avoué mercredi que des boîtes de laits ramenés au magasin par des clients qui les avaient achetés alors qu'ils n'auraient pas dû être sur les linéaires, avaient été… remis en rayon!

N.G.