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La SNCM s’achemine vers un redressement judiciaire

La SNCM est dans une impasse financière après la demande de remboursement anticipée de ses actionnaires Transdev et Veolia de 117 millions d'euros.

La SNCM est dans une impasse financière après la demande de remboursement anticipée de ses actionnaires Transdev et Veolia de 117 millions d'euros. - Boris Horvat - AFP

Incapable de faire face au remboursement anticipé de ses prêts exigés par Transdev et Veolia, le président du directoire de la SNCM va consulter le comité d’entreprise ce 3 novembre. Il devrait ensuite aller déposer le bilan de la société au tribunal de commerce à Marseille.

C'est la fin du sursis pour la compagnie maritime SNCM. Le président du directoire Olivier Diehl doit consulter, ce lundi 3 novembre à 9 heures, le comité d'entreprise, qui avait été suspendu mercredi. Il devrait ensuite aller déposer le bilan de l'entreprise au tribunal de commerce à Marseille en tout début de semaine.

La société maritime est en effet dans une impasse financière après la décision prise vendredi par ses actionnaires majoritaires, Transdev et Véolia d’exiger le remboursement immédiat des créances de sa filiale.

La SNCM doit à compter de lundi, rembourser de manière anticipée 103 millions d'euros de prêts que lui avait accordés Transdev (actionnaire à 66%), et 14 millions de Veolia (coactionnaire de Transdev avec la Caisse des dépôts). Ce que ses finances ne lui permettent pas, et qui mettra la compagnie maritime en cessation de paiement, lançant un processus de redressement judiciaire.

Transdev et Veolia engagent cette procédure alors que prend tout juste fin le moratoire, signé en juillet pour sortir de 17 jours de grève, et qui stipulait que la compagnie maritime ne pouvait pas être placée en redressement judiciaire, jusqu'au 31 octobre.

Les sommes qui doivent être remboursées par la SNCM "pourront être mises à disposition des organes de la procédure dans le cadre du redressement judiciaire", a précisé Transdev. Les deux actionnaires ne font que mettre à exécution un plan prévu depuis de nombreux mois, avec le soutien de l'Etat, actionnaire à 25%.

Effacer l'ardoise de Bruxelles

Etat, Veolia et Transdev estiment que ce redressement judiciaire, une étape "technique", va permettre à la compagnie à la fois d'effacer l'ardoise de Bruxelles et de trouver un nouvel actionnaire à la compagnie chroniquement déficitaire. La SNCM se trouve en effet sous le coup de deux condamnations européennes à rembourser des aides publiques jugées illégales, pour un total supérieur à 400 millions d'euros.

Mais depuis de nombreux mois également, les syndicats ont une toute autre lecture du dossier, et mettent en garde : Transdev prend "cette décision en toute connaissance des risques", au premier rang desquels le fait que le contrat de délégation de service public (DSP) de la desserte de la Corse pourrait ne pas être transmis au repreneur.

Ce contrat, qui court jusqu'en 2023 et qu'elle partage avec une autre société, la Méridionale, constitue sa principale source de revenus de l'entreprise. Les organisations syndicales estiment aussi que le redressement judiciaire va permettre aux actionnaires de faire un plan social à moindre frais.

La SNCM compte environ 2.000 emplois, dont 1.508 CDI et fait vivre de nombreux sous-traitants sur le port de Marseille. Début octobre, la direction de la compagnie avait défini un "périmètre à l'équilibre" qui comprendrait entre 800 et 1.000 emplois.

C.C. avec AFP