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La spectaculaire renaissance de Technicolor

Technicolor a levé 227 millions d'euros à l'occasion d'une augmentation de capital mais la demande totale s'est élevée à environ 600 millions d'euros, soit un taux de souscription de 264%.

Technicolor a levé 227 millions d'euros à l'occasion d'une augmentation de capital mais la demande totale s'est élevée à environ 600 millions d'euros, soit un taux de souscription de 264%. - Frank Perry-AFP

Le groupe français a réussi son augmentation de capital de 227 millions d'euros. Repositionné sur l'image et les médias numériques, Technicolor multiplie les rachats, dont celui, en cours, de l'activité box Internet de Cisco.

Technicolor confirme son renouveau, qui s'apparente de plus en plus à une résurrection. Après avoir échappé à la faillite à la fin des années 2000, l'ex-activité grand public de Thomson, devenue un groupe de services et technologies pour les médias numériques, a levé 227 millions d'euros lors d'une augmentation de capital lancée le 20 octobre 2015.

La demande totale s'est même élevée à environ 600 millions d'euros, soit un taux de souscription de 264% dont n'a pas manqué de se féliciter le groupe. Cet apport vient compléter un emprunt de 375 millions d'euros pour permettre le financement de deux de ses rachats récents, symboles de son nouvel esprit de conquête.

Sous la houlette de Frédéric Rose, son PDG, Technicolor a, récemment, mis la maison sur le studio britannique, The Mill et sur la division Connected Devices (qui conçoit des box pour opérateurs télécoms) de l'américain Cisco, dévoilé l'été dernier. Un industriel français qui osait une acquisition d'envergure aux Etats-Unis, qui plus est dans le numérique, n'est pas chose fréquente !

Cisco détiendra bientôt 5,26% du capital

"A l'issue de l'acquisition par la société de la division Connected Devices de Cisco et de la réalisation de l'augmentation de capital réservée au bénéfice de Cisco en rémunération de cette acquisition, Cisco détiendra 5,24% du capital", rappelle Technicolor.

Ces deux rachats sont emblématiques du virage effectué par la société française sur les technologies et les médias numériques. Celui de la société londonienne The Mill, lui apporte, en dot, un grand studio mondial de création d’effets visuels et de production de contenus pour le marché publicitaire.

Cette acquisition renforcera sa puissance de feu pour séduire les industries du divertissement (effets spéciaux, postproduction visuelle et sonore, image de synthèse...). Son studio de Montréal, où il emploie un peu moins de 1.000 personnes, a notamment travaillé sur le dernier opus de la série X-Men et pour Disney.

Technicolor bénéficie du jackpot lié à ses brevets

Le rachat de l'activité de box Internet et décodeurs télé de Cisco vient renforcer son deuxième grand pôle, celui lié à la maison connectée. Devenu numéro 2 mondial des box, derrière le tandem américano-britannique, constitué d'Arris et de Pace, Technicolor, acquiert la taille critique mondiale nécessaire à la production de ces boîtiers sur ce marché fortement concurrentiel.

Le développement de ces pôles d'activité est rendu possible grâce au véritable trésor que constitue la division Technologie, forte de ses nombreux brevets. Valorisés sous forme de licences auprès des fabricants de téléviseurs, d'ordinateurs ou de smartphones, ces brevets sont une activité éminemment rentable: 73% d'Ebitda sur 268 millions d'euros de chiffre d'affaires rien que sur le premier semestre 2015. Sur cette période, Technicolor a réalisé un résultat net, modeste, de 48 millions d'euros.

Certes, des brevets très juteux pour Technicolor comme celui lié au codage numérique MPEG2, tomberont dans le domaine public très prochainement, fin 2015. Mais d'autres technologies comme celles liées à la compression d'images vidéo très haute définition, dont ont absolument besoin les fabricants de smartphones et tablettes pour fluidifier le streaming d'images, promettent de générer des revenus confortables, pour ceux qui les détiennent (Technicolor, GE, Philips,...).

Technicolor est aussi un spécialiste de la fabrication de DVD et Blu-ray

Le groupe français continue de se développer sur un marché atypique dont les volumes baissent, mais où il est devenu un acteur qui compte: la fabrication de DVD et Blu-ray. Il vient de racheter pour seulement 35 à 40 millions d'euros, les actifs nord-américains du canadien Cinram Group, relatifs à la fabrication et à la distribution de DVD et de disques Blu-ray.

Cette acquisition a été réalisée afin d'honorer deux contrats en négociations, portant sur la gestion des activités de réplication et de distribution de DVD et de disques Blu-ray, de deux clients en Amérique du Nord. Ces contrats, si ils aboutissent, permettraient d'augmenter le chiffre d'affaires de la division "Services Entertainment" de Technicolor de plus de 190 millions d'euros en année pleine.

Frédéric Bergé