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Un "incident" dans une usine Lactalis cause la mort de centaines de poissons en Bretagne

Vue de la Seiche, la rivière bretonne où Lactalis a déversé des matières qui ont fait étouffer des centaines de poissons.

Vue de la Seiche, la rivière bretonne où Lactalis a déversé des matières qui ont fait étouffer des centaines de poissons. - Gilles des Quiesses

Les promeneurs ont constaté la présence de centaines de poissons morts sur les bords d'une rivière bretonne. En cause: des déversements de matières organiques d'une usine du laitier à Retiers, qui ont privé la faune et la flore d'oxygène.

Des centaines de poissons morts, flottant à la surface, c'est ce qu'ont découvert les habitants et touristes au bord de la Seiche, rivière bretonne d'Ille-et-Vilaine la semaine dernière, rapportait Ouest France samedi. Une hécatombe provoquée par l'usine du géant Lactalis à Retiers.

Le laitier, joint par BFM Business, confirme un "incident". L'usine, dont la station d'épuration était saturée, a rejeté depuis mardi dernier des quantités trop importantes de matières organiques dans la rivière située à une trentaine de kilomètres de Rennes, des matières qui pourraient être du lactose brut. Celles-ci auraient privé la faune et la flore du cours d'eau d'oxygène, principalement aux abords de la commune d'Essé. L'industriel explique que la situation a été aggravée par d'autres facteurs comme la sécheresse, qui rend les cours d'eau plus pauvres en oxygène, et qui affecte le débit du cours d'eau.

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- © Fédération des pêcheurs d'Ille-et-Vilaine
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- © Fédération des pêcheurs d'Ille-et-Vilaine

Affaire à suivre au tribunal

Une vidéo tournée par France Bleu Armorique montre des dizaines de spécimens échoués sur les bords de la rivière, ventre en l'air. Depuis, les poissons morts -parmi lesquels des silures de 30 à 50 kilos- ont été retirés du cours d'eau, et les matières organiques déviées vers des bassins de rétention. Une entreprise spécialisée doit par ailleurs intervenir le 30 août pour remettre de l'oxygène dans la rivière.

La préfecture du département a annoncé qu'elle ferait inspecter le site industriel du groupe d'agroalimentaire, et les services de l'État prévoient de dresser un procès-verbal qui sera transmis au procureur de la République afin de poursuivre l'entreprise pour infraction au code de l'environnement.

Des poissons au comportement "anormal"

De son côté, la Fédération des pêcheurs d'Ille-et-Vilaine prévoit de porter plainte contre le groupe. Son responsable réglementation, Richard Pellerin, explique que la pollution, initialement circonscrite à une zone de 2 kilomètres de cours d'eau en aval de l'usine Lactalis s'étend aujourd'hui sur plus de 8 kilomètres de rivière. Ce qui prouve, selon lui, que "les rejets de matière ont continué toute la semaine dernière", même si ce lundi la situation semblait être en voie d'amélioration. Chez Lactalis, on explique qu'un "plan d'action" a été mis en place dès la semaine dernière, qui n'a pas suffi pour le moment à régler le problème.

Outre les cadavres de poissons, "des spécimens viennent en surface chercher de l'air, un comportement tout à fait anormal", explique Richard Pellerin. Autre stigmate, sur cette portion de rivière, "les fonds se sont couverts de colonies de bactéries qui se nourrissent des matières organiques déversées", souligne-t-il. Ces colonies, qui ressemblent à des traînées de laine grisâtre tapissant le sol (photo ci-dessous), "consomment le peu d'oxygène qui reste dans cette partie de la rivière" déplore-t-il. Toutefois, Richard Pellerin remarquait que ces colonies semblaient "moins développées" ce lundi.

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N.G.