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Lassés de la vie de bureau, ils ouvrent une boulangerie dans le Cantal

Charlotte Bézy et Mael Cabé ont décidé de changer de vie. Ils se lancent dans la boulangerie et s'installent  au cœur de l'Auvergne.

Charlotte Bézy et Mael Cabé ont décidé de changer de vie. Ils se lancent dans la boulangerie et s'installent au cœur de l'Auvergne. - La Mie Chamalou

Ce couple a décidé de changer de vie et d'ouvrir une boulangerie dans un village du Cantal. Avec leur fournil artisanal, ils veulent faire du pain à l'ancienne. Histoire d'une reconversion.

Ils sont de plus en plus nombreux en France à abandonner des carrières professionnelles enviables pour se lancer dans des métiers manuels ou artisanaux. Certains deviennent garagistes, agriculteurs, fleuristes ou éleveurs par passion. Celle de Charlotte Bézy, 31 ans, et Maël Cabé, 28 ans, c’est le pain. Il y a quelques mois, ils ont abandonné leurs carrières de chargés de mission pour un parc régional pour sauter le pas et devenir boulangers en créant "La Mie Chamalou", un fournil artisanal en plein cœur de l’Auvergne qu'ils comptent ouvrir l'été prochain.

Pendant de nombreuses années, Charlotte Bézy et Maël Cabé ont fait du pain dans leur appartement pour leur propre consommation et celle de leur entourage. "Nous avions des métiers intéressants, mais nous étions confrontés à une inertie administrative, à des contraintes politiques, à de la gestion d’humains et surtout, on ne voulait pas passer notre vie derrière un bureau, on aime le travail manuel, la vie rurale et le levain", nous a confié Maël qui, après un master 2 de développement territorial a passé son CAP de boulanger à l’École française de boulangerie et pâtisserie d'Aurillac. Charlotte, ingénieure en agro-environnement, s'occupera d'organiser le nouveau business.

Une clientèle déjà nombreuse

Mais pas question de s’installer dans un centre-ville pour attirer une clientèle de citadins. Ils installeront leur fournil à Neussargues-en-Pinatelle (anciennement Chalinargues), un petit village du Cantal, situé près de Murat pour faire un véritable pain local et bio. "Pour nous, le bio n’est pas un concept marketing", explique Maël Cabé. "Nous travaillons avec des producteurs locaux du Cantal et du Puy de Dôme qui partagent la même passion. Notre meunier, qui est dans l'Allier, fabrique sa farine avec une meule en pierre". Pour chauffer le four à bois, ils achèteront des déchets provenant d'une scierie située à quelques kilomètres.

"On veut faire du pain de tous les jours pour les familles du coin. Nous le vendrons directement au fournil, mais aussi sur les marchés, dans une Amap (Association de maintien de l’agriculture paysanne), des magasins bio et dans les cantines scolaires de la région", nous a indiqué le jeune boulanger.

Un carton national en crowdfunding sur Ulule

Évidemment le projet a un coût. Le jeune couple a réuni environ 60.000 euros en apport personnel, avec un prêt bancaire et un prêt à taux zéro d'Auvergne Active, et sont soutenus par l'association Auvergne Nouveau Monde. Quant à la rénovation de leur fournil, qui sera installé dans une vieille bâtisse, elle sera financée par une municipalité trop heureuse de voir des jeunes lancer un commerce de proximité dans la commune.

Reste à s'acheter un four à bois traditionnel. Pour cet investissement, Charlotte et Maël ont lancé sans trop y croire une campagne de crowdfunding sur Ulule pour réunir les 5.000 euros qui leur manquent. "Nous avons obtenu ce montant en seulement 3 jours, nous n’en revenons toujours pas, car nous n'avons pas seulement été soutenus par nos proches, mais par des gens de la France entière que nous ne connaissons pas". En effet, la passion de Charlotte et Maël a séduit les internautes au point d’être pendant quelques jours en tête des projets sur Ulule. Ainsi, en plus du four, ils pourront financer une remorque, une tronçonneuse pour découper du bois et peut-être même un véhicule utilitaire pour les livraisons.

Charlotte et Maël ne songent pas à développer les ventes en ligne pour écouler leurs produits d’un bout à l’autre de la France. L’économie dite "globale" n’est pas une stratégie qu’ils visent. Les amateurs de bon pain devront faire le voyage en Auvergne pour goûter la mie de Chamalou.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco