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L'Audiovisuel extérieur répond à la Cour des comptes

RFI déménage actuellement à Issy-les-Moulineaux à côté de France 24

RFI déménage actuellement à Issy-les-Moulineaux à côté de France 24 - -

La nouvelle patronne de France 24 et RFI a répondu point par point aux attaques de la juridiction financière, qui critiquait le coût élevé du déménagement de RFI et des plans de départs volontaires.

"Evolution cahotique, grave dérive financière, surcoûts massifs, plans d'affaires irréalistes, synergies balbutiantes..." Mardi 12 février, la Cour des comptes avait publié un rapport au vitriol sur l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF), qui regroupe France 24, RFI, Monte Carlo Doualiya et TV5.

Jeudi, la nouvelle patronne de l'AEF, arrivée en octobre, Marie-Christine Saragosse a répondu point par point à la juridiction financière. "Le rapport de la Cour est parfois juste, mais il n'y a pas eu du tout de dérive financière, ni d'entreprise qui croule sous le fric..."

206 600 euros d'indemnités de départ par salarié

D'abord, concernant l'effectif. La Cour dénonçait "les surcoûts des plans sociaux". En effet, deux plans ont été menés successivement, portant au total sur 317 personnes, pour un coût de 65,5 millions d'euros. Soit 206 600 euros par salarié ! "Cette appétence au départ s’explique par les conditions avantageuses proposées", euphémise la Cour... Pire: pour palier ces départs, l'AEF se repose désormais sur des non permanents, ce qui entraîne un surcoût de 3,5 millions d'euros par an...

Réponse de la nouvelle PDG, invitée de l'Association des journalistes médias: "les plans de départs volontaires n'étaient pas ciblés, ce qui peut aboutir à une désorganisation. En arrivant, j'ai constaté qu'il n'y avait pas d'annuaire interne, pas d'organigramme, pas d'accords sociaux..."

Enfin, concernant son salaire, elle assure: "j'ai demandé à être payée moins que mon prédécesseur, et le nouveau directeur général aussi. Les salaires de deux personnes étaient très élevés, mais ce n'est plus le cas". Une allusion transparente aux anciens dirigeants Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent, qui étaient payés chacun 315.000 euros par an maximum, part variable incluse mais hors avantages en nature.

Un déménagement à 45 millions d'euros

Autre sujet dans le collimateur de la Cour: le déménagement de RFI de la Maison de la radio vers Issy-les-Moulineaux. Une opération qui a coûté finalement 45 millions d'euros, soit quasiment deux fois plus que le budget prévu (25 millions).

Sur ce point, Marie-Christine Saragosse a rappelé que l'entreprise avait pris à sa charge une partie de ce coût (17 milllions d'euros), le reste ayant été payé par l'Etat.

Tiraillements en vue?

Quant à l'avenir, on pressent déjà de nouveaux tiraillements. Officiellement, un budget pluriannuel a été adopté, qui prévoit une quasi-stagnation: -0,3% en 2014, puis -0,4% en 2015.

Et Bercy ne veut pas donner un kopeck de plus: "nous attacherons une grande importance au respect des dotations prévues par le budget triennal 2013-2015, qui constituent des plafonds qui ne sauraient être dépassés", a indiqué le ministère à la Cour.

Problème: en face, Marie-Christine Saragosse déborde de projets comme passer France 24 en haute définition (10 millions d'euros par an, sans compte l'achat initial des équipements); installer un émetteur FM au Caire pour MCD (un million d'euros par an); diffuser RFI et MCD en FM en France (une fréquence temportaire a été demandée à Marseille); lancer un décrochage de France 24 en espagnol; diffuser France 24 sur la TNT en Afrique...

Bref, la discussion sur le budget pluri-annuel, qui démarre la semaine prochaine et dont la conclusion est espérée "en juin 2013", promet d'être sportive...

Jamal Henni