BFM Business
Energie

Le Bourget: comment rendre les avions moins polluants

Lors d'une salon du Bourget, Airbus va notamment présenter son avion tout-électrique E-Fan. Un biplace équipé de deux moteurs électriques et des batteries embarquées.

Lors d'une salon du Bourget, Airbus va notamment présenter son avion tout-électrique E-Fan. Un biplace équipé de deux moteurs électriques et des batteries embarquées. - Johannes Eisele/AFP

Le salon de l'aéronautique et de l'espace du Bourget ouvre ses portes ce lundi. En cette année de Cop21, l'accent est mis en particulier sur l'environnement. Quelques nouveautés sont ainsi dévoilées.

Le Bourget est un symbole puisque c'est là que s'ouvrira fin novembre la conférence sur le climat, la Cop21. Cette semaine, lors du salon, le sujet sera donc incontournable. Les constructeurs innovent en la matière. Airbus va ainsi dévoiler son avion tout-électrique E-Fan. Ce biplace est propulsé à 160 kilomètres/heure grâce à ses deux moteurs électriques et des batteries embarquées.

L'E-Fan a été spécialement développé pour les missions aériennes de courte durée. Son objectif: permettre la formation des pilotes d’avions de tourisme. Il s'avère bien utile pour le remorquage des planeurs ainsi que pour des vols de voltige.

Le montant du programme qui fait partie des 34 projets de la "Nouvelle France industrielle" : 50 millions d'euros. Airbus envisage à long terme de développer un avion électrique hybride de 90 places. Il voit encore plus loin: d'ici à 2050 les moteurs électriques devraient pouvoir propulser les avions de ligne.

Des vols avec des biocarburants

En attendant pour répondre aux enjeux environnementaux, les constructeurs cherchent depuis des années des solutions pour alléger les appareils. Un avion moins lourd, c'est moins de CO2 émis. Les matériaux composites permettent ainsi de réduire sensiblement le poids par rapport aux alliages métalliques. Ils sont presque 20% plus légers que l'acier mais aussi deux fois plus solides. Ils représentent ainsi 50% de la masse du Boeing 787 Dreamliner. L'A350 utilise aussi plus de 50% de matériaux composites.

Les biocarburants sont également une solution. Air France et KLM ont d’ores et déjà effectué des vols alimentés en partie avec du biocarburant . Ainsi, en juin 2013, un vol de démonstration avait été réalisé à l’occasion du Salon du Bourget. Une série de vols hebdomadaires entre New York et Amsterdam a débuté en mars 2013 et un vol Amsterdam- Aruba-Bonaire dans les Caraïbes a été réalisé l'an dernier.

Par ailleurs Total développe avec la société américaine Amyris le farnesane. C'est un biocarburant issu de la fermentation de sucre de canne. Il permettrait de réduire de 80% les émissions de gaz à effet de serre par rapport au kérosène d’origine fossile. Il n’est incorporé qu’à hauteur de 10%. C'est un complément du carburant traditionnel. Mais les biocarburants ne pourront pas servir à couvrir tous les besoins.

Eco-conduite

Les constructeurs doivent donc se montrer inventifs car le seuil des 6 milliards de passagers dans le monde devrait être atteint en 2030. C'est pourquoi les compagnies misent de plus en plus sur l'éco-conduite et en particulier lors de la phase de décollage.

Le Bourget sera l'occasion de mieux comprendre les enjeux du "green taxiing". Ce mot désigne le laps de temps pendant lequel les appareils roulent de leur place de parking à la piste d'atterrissage (appelée phase de taxiing). Green car il s'agit d'utiliser des moteurs électriques à la place des turboréacteurs. Le système pourrait permettre une économie de 3 à 4% de la consommation totale sur un vol de 900 kilomètres. Plusieurs technologies sont développées: Safran et Honeywell y travaillent notamment conjointement.

Une entreprise française a même créé une première: Safety Line analyse les données de vol pour permettre de l'optimiser. Le nom de sa solution: OptiClim qui est dévoilée à ce salon du Bourget. Une autre application du Big Data et des fameuses boîtes noires. Les pilotes peuvent apprendre ainsi à modifier leurs méthodes de travail. Chaque profil conduit avec des consignes de vol différentes. Air France fait déjà appel à ses services. Ce système peut engendrer jusqu’à 60 millions d’euros d'économies par an pour une compagnie réalisant 1.000 vols journaliers.

Nathalie Croisé