BFM Business
Culture loisirs

Le Brexit fait du bien à l'immobilier de luxe parisien

L'immobilier de luxe parisien se reprend grâce au Brexit.

L'immobilier de luxe parisien se reprend grâce au Brexit. - Fred Dufour - AFP

Porté par un "effet Brexit", l'immobilier de luxe parisien a vu affluer des Français fortunés. Le secteur décolle, en dépit de la désertion des acheteurs américains depuis les attentats.

Déserté par les Américains depuis les attentats, l'immobilier de luxe parisien a en revanche vu affluer des Français fortunés qui s'apprêtent à quitter Londres en raison du Brexit, ou simplement à l'affût d'un investissement dans la "belle pierre".

Chez Daniel Féau et Belles demeures de France, acteur majeur du secteur, 2016 a été "une excellente année", celle du "décollage" des biens de haut de gamme, "tant dans les volumes de ventes que dans les prix et dans une moindre mesure, dans l'évolution du stock de biens à vendre".

1% des transactions à plus de deux millions

Le nombre de transactions d'un montant supérieur à 2 millions d'euros a ainsi bondi de 31% - sur un volume de plus d'un milliard d'euros de ventes réalisé par 14 agences, à Paris, St-Cloud et Neuilly-sur-Seine. Les ventes d'appartements et hôtels particuliers à plus de 15.000 euros le m2, ont grimpé de 32%. Il s'agit d'un marché de niche: les ventes supérieures à 2 millions d'euros représentent moins de 1% des transactions parisiennes, celles au-delà d'un million, environ 5%.

Quant aux prix, ils ont progressé de 9% l'an dernier, pour les biens au-delà de 15.000 euros le m2, soit "le double de l'augmentation moyenne du marché parisien", dans le réseau Daniel Féau-Belles demeures. Cette hausse des prix est la première depuis le pic de 2012, après lequel les prix des biens de luxe avaient baissé de 15%, selon Daniel Féau.

Des Français installés à Londres…

L'immobilier de luxe a bénéficié d'une "montée en régime" des achats de résidences secondaires dans la capitale, par des Français installés à Londres. Les Français sont passés de 9% des acquisitions des non-résidents à 17% l'an dernier, selon la même source.

"Sur ce créneau du haut de gamme, nous avons eu plus de Français que d'habitude: souvent installés à Londres et travaillant dans la finance, ils anticipent un éventuel retour dû au Brexit", confirme Jean-Philippe Roux, directeur de l'agence immobilière John Taylor à Paris, dont le volume de ventes a bondi de 21% l'an dernier. "Ils se disent que les prix ont atteint un point bas, veulent profiter de taux d'intérêt très attractifs et font un arbitrage: au vu de ce que rapportent les autres placements financiers, investir dans l'immobilier de qualité a vraiment du sens", dit-il.

…qui investissent sans forcément revenir

Des Français fortunés ont même fait une percée notable sur le marché du super-luxe, habituellement dominé par les étrangers, en étant à l'origine de la moitié des 10 transactions au-delà de 15 millions d'euros, chez Daniel Féau-Belles demeures. Parmi celles-ci, figure l'achat par Xavier Niel, le patron d'Iliad, maison mère de l'opérateur Free, de l'hôtel Coulanges, place des Vosges dans le Marais, pour 31,5 millions d'euros. "Il y a aussi des industriels puissants dans le luxe ou la distribution, qui ont acheté une résidence principale", précise Charles-Marie Jottras, le président de Daniel Féau.

Chez le concurrent Emile Garcin, un groupe familial dont le volume de ventes a progressé de 14% en 2016, on observe que "beaucoup de Français installés à Londres, Genève ou Bruxelles, ont acheté à Paris pour investir, pas forcément revenir", explique Nathalie Garcin, qui co-dirige l'enseigne.

Les Américains ont stoppé net leur retour

En revanche l'amélioration du pouvoir d'achat des Américains liée à la hausse du dollar n'a pas compensé l'effet désastreux des attentats fin 2015 et en 2016, "très médiatisés outre-Atlantique, sur des chaînes comme Fox News", dit-il. Ils n'ont généré l'an dernier que 11% des achats de non-résidents, contre le double en 2015, chez Daniel Féau. "Les Américains étaient de retour, mais le mouvement a été stoppé net", renchérit Philippe Roux. Toutefois, on constate depuis mi-décembre chez Emile Garcin, un "regain d'intérêt peut-être dû à l'élection de Donald Trump".

Les premiers acquéreurs d'origine étrangère restent en provenance du Moyen-Orient, avec 20 à 25% des acquisitions de non-résidents à Paris. Les Russes ont quasi disparu, sous l'effet conjugué de l'effondrement du rouble et de la crise économique.

N.G. avec AFP