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Le "cartel du yaourt" mis à l'amende

11 entreprises constituait ce cartel

11 entreprises constituait ce cartel - Charly Triballeau - AFP

11 fabricants de produits laitiers ont été condamnés pour s'être entendus sur les prix et les appels d'offres sur des marques distributeurs par l'Autorité de la Concurrence, ce jeudi 12 mars.

Le "cartel des yaourts" sanctionné. L'Autorité de la concurrence a infligé ce jeudi 12 mars une amende de 192,7 millions d'euros à 11 fabricants de produits laitiers frais, condamnés pour s'être entendus sur les prix et les appels d'offres sur les marques distributeurs.

Lactalis Nestlé a écopé de l'amende la plus importante avec 56,1 millions d'euros. La société a d'ores et déjà annoncé qu'elle ferait appel de cette décision, la jugeant d'une "extrême sévérité".

Parmi les autres sociétés concernées, on recense Novandie (Andros) avec 38,3 millions d'euros d'amende ou encore la société Maître Laitiers du Cotentin avec 22,9 millions d'euros.

Yoplait a, pour sa part, bénéficié de la clémence de l'Autorité de la concurrence pour avoir été le premier à dénoncer ce cartel.

Des réunions secrètes et des téléphones dédiés

Senagral a elle bénéficié d'une "clémence de rang 2" pour avoir également apporté des informations sur le cartel, après que Yoplait se soit manifesté auprès des autorités.

Dans les faits, l'Autorité de la concurrence explique que l'enquête qu'elle a menée montre que les entreprises sanctionnées "se réunissaient et avaient de très nombreux échanges téléphoniques afin de se mettre d'accord sur les prix et se répartir les volumes dans le secteur des produits laitiers en MDD (marque de distributeur)".

Le "centre de gravité" était surtout articulé autour des quatre leaders: Yoplait, Lactalis et Senoble. "Les réunions avaient lieu le plus souvent dans des hôtels réservés à tour de rôle par les participants. Les lieux changeaient à chaque fois pour des questions de discrétion", explique l'Autorité de la concurrence. Les contacts téléphoniques se faisaient via des téléphones portables qui n'étaient utilisés que dans le cadre de cette entente.

Les concurrents s'informaient des hausses de prix passées et se mettaient d'accord sur les hausses qu'ils voulaient annoncer aux distributeurs ainsi que sur les arguments pour les justifier. En parallèle, les sociétés passaient des "pactes de non-agression" dans lesquels elle se répartissaient les volumes et gelaient les positions des uns et des autres. Elles faussaient alors les appels d'offres lancés par les enseignes de la grande distribution.

Un marché de 5 milliards d'euros

Ce cartel était "de grande ampleur", souligne l'autorité rappelant que les acteurs concernés représentaient 90% du marché concerné. Elle explique néanmoins avoir tenu compte de plusieurs éléments pour déterminer les sanctions à l'encontre des entreprises concernées: la gravité des faits, l'importance du dommage causé à l'économie mais aussi la situation individuelle des entreprises.

L'Autorité a ainsi tenu compte des difficultés financières de Senagral, du comportement de Novandie qui pendant un an a adopté "un comportement concurrentiel" au point d'en avoir perturbé le cartel. A l'inverse, Lactalis a subi une majoration de 25% en raison de son appartenance à "un groupe de taille importante".

Les grandes surfaces sont le principal débouché des producteurs de produits frais puisque 92% au détail des ventes de yaourts, fromages frais, crèmes fraîches et desserts lactés sont réalisés dans ses enseignes pour un montant annuel de 5 milliards d'euros (en 2013).

J.M.