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Le charbon dans une "spirale de la mort"

Selon la dernière étude Carbon Tracker, parier sur la génération électrique au charbon a fait perdre à ces 5 plus grands groupes  européens 100 milliards de capitalisation

Selon la dernière étude Carbon Tracker, parier sur la génération électrique au charbon a fait perdre à ces 5 plus grands groupes européens 100 milliards de capitalisation - DR

Ce vendredi la Norvège a entériné le désengagement du plus grand fonds au monde des entreprises présentes dans le secteur du charbon. Question d'image. Cette énergie fossile a mauvaise presse. Une étude menée par Carbon Tracker démontre son impact très négatif sur l'environnement.

A lire l'étude menée par Carbon Tracker l'inventeur du concept tout récent de “bulle carbone" les plus grands énergétiques européens et les "utilities" ont de sérieux soucis à se faire. Matthew Gray, conseiller to Carbon Tracker and auteur principal de ce rapport n'hésite à parler d'une “spirale de la mort”. Selon lui, le charbon apparaît comme “le canari dans la mine”.

"En matière de transition énergétique il y a aura des gagnants et des perdants" écrit-il. Au niveau mondial, le charbon reste de loin la première ressource pour la génération électrique, avec une part proche de 50%. Les cinq plus grands énergéticiens européens ont augmenté de 2008 à 2013 leur dépendance au charbon de 9% selon l'étude. Parmi eux les deux Français, EDF, Engie mais aussi Enel, Eon et RWE. La conclusion de Carbon Tracker est sans appel: parier sur la génération électrique au charbon a fait perdre à ces cinq géants européens 100 milliards de capitalisation. C'est la conséquence du choix économique fait durant ces 5 années: celui de profiter de l'afflux de charbon à bas prix venu des États-Unis en négligeant le gaz.

"Climaticides"

L'étude voit un lien entre la part de la génération électrique assurée par le charbon et le rythme de destruction de valeur. Sur cette période, les deux énergéticiens français apparaissent comme ceux qui ont le plus augmenté leur capacité en charbon, faisant peser des risques significatifs pour les investisseurs.

Les énergéticiens ont tout de même conscience que ce modèle économique ne peut perdurer à long terme. L'étude le souligne. Les ONG s'en mêlent, Oxfam France et Les Amis de la Terre, dénonçaient le 19 mai " les pratiques climaticides d'EDF et Engie".

Dans un rapport intitulé Émissions d’État: comment les centrales à charbon d'EDF et Engie réchauffent la planète, elles demandent aux deux entreprises de s'engager à ne plus investir, dès 2015, dans de nouveaux projets de centrale à charbon.

Encore la première place pour un moment

Certaines entreprises n'ont pas tardé à réagir. C'est ainsi qu'Engie affirme convertir ses centrales à charbon en centrales à gaz. Pour Gérard Mestrallet qui était l'invité de BFM Business mardi, le mouvement a été engagé depuis quelques années au sein du groupe. La démarche est plus complexe en Europe mais selon lui il faut miser sur le gaz. Une déclaration qui tombe à pic alors que le 26eme congrès mondial du gaz ferme ses portes ce vendredi à Paris.

Eon a lui aussi entamé un virage stratégique parfois douloureux en décidant de fermer des centrales en France ou en Italie. Le rapport souligne d ailleurs que la rentabilité des nouvelles centrales à charbon est menacée. EDF développe actuellement un projet de centrale charbon dernier cri en Chine. D'autres projets sont développés par Tepco et Mitsubishi Heavy Industries, L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) prévoit tout de même que le charbon conservera cette première place dans la génération électrique mondiale d'ici 2025.

Nathalie Croisé