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Le chemin de croix de Theranos, star déchue des biotechs

Elizabeth Holmes, fondatrice de la biotech Theranos, malgré toute sa force de conviction, va avoir fort à faire face à ses investisseurs mécontents.

Elizabeth Holmes, fondatrice de la biotech Theranos, malgré toute sa force de conviction, va avoir fort à faire face à ses investisseurs mécontents. - AFP

Forcée d’arrêter la majorité de ses opérations après la révélation d’une fraude spectaculaire, la biotech américaine va devoir affronter une première action en justice d’ampleur, lancée par un de ses principaux investisseurs.

C’est le 2ème acte de la terrible débâcle de Theranos. Censée devenir le leader mondial des tests sanguins, convaincue de tricherie et de mise en danger de la vie de ses patients-test, l’entreprise va devoir désormais faire face à tous ceux à qui elle a fait perdre des masses d’argent: ses investisseurs directs.

Le premier d’entre eux vient de déposer plainte. Il s’agit de Partner Fund Management, qui depuis 2014, a investi un total de 96 millions de dollars dans la société. Investissements bien sûr réduits à néant par le scandale puisque Theranos ne vaut quasiment plus rien.

Theranos ne baisse pas les bras

Le fonds estime avoir été trompé par la société: "Par le biais de documents frauduleux, d’omissions et de mensonges, Theranos nous a incité à maintenir nos investissements originels, et même à y investir plus" déclare PFM dans le document de justice.

Une version totalement démentie par Theranos, qui parle d’une "procédure malhonnête, basée sur des allégations sans fondement, que le groupe va combattre avec énergie". Car malgré les déboires qui menacent son existence même, Theranos n’a pas baissé les bras et poursuit ses travaux, toujours persuadé qu’il peut se relever de ce scandale.

Elisabeth Holmes persiste et signe

Après 340 suppressions de postes, la fermeture de tous ses centres de tests et l’interdiction formelle faite à sa patronne Elisabeth Holmes d’avoir le moindre rôle dans les activités cliniques, le laboratoire poursuit ses activités. Elles sont recentrées autour d’une technologie, MiniLab, qui regroupe l’essentiel de ses brevets en matière de tests sanguins.

Une technologie qui a pourtant été remise en cause par les autorités de santé dans ses applications cliniques. Mais rien n’empêche le groupe de poursuivre les recherches. Elisabeth Holmes, dans une lettre adressée aux quelques chercheurs qui restent pour y travailler, parle même d’une "autoroute vers le succès".

"Mise en danger de la vie des patients"

Le groupe estime même avoir une base suffisante d’investisseurs de long terme pour continuer ses activités et réussir son pari, celui de créer la nouvelle référence en matière de tests sanguins, moins invasive, car nécessitant une toute petite quantité de sang pour effectuer des batteries entières d’examens.

Un espoir qui paraît bien mince, alors que les autorités américaines de santé avaient obtenu l’arrêt immédiat des tests grandeur nature de Theranos, pour cause de "mise en danger claire et immédiate de la vie des patients".

Et il y a fort à parier que bien d’autres investisseurs vont vouloir suivre le fonds PMF pour tenter de récupérer une partie de leur mise, ce qui pourrait créer un effet boule de neige qui anéantirait ce qu'il reste du groupe. Au plus haut de sa valorisation, il valait 9 milliards de dollars…

Antoine Larigaudrie