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Le coût du chantier du Grand Paris Express va-t-il exploser?

Sur la ligne 15 Sud, la Société du Grand Paris, va faire creuser des tunnels à plusieurs dizaines de mètres de profondeur.

Sur la ligne 15 Sud, la Société du Grand Paris, va faire creuser des tunnels à plusieurs dizaines de mètres de profondeur. - Gérard Rollando-Société du Grand Paris

Le "chantier du siècle" du futur métro express francilien, avec ses 200 kilomètres de nouvelles lignes, pourrait dépasser le budget initial prévu de 25 milliards d'euros. Le gouvernement, qui doit aussi tenir les échéances pour que Paris soit prête à accueillir les JO en 2024, suit le dossier de près.

Désignée ville hôte des Jeux Olympiques d'été en 2024, Paris voit par ricochet les questions du coût et du calendrier du chantier du Grand Paris Express remonter à la surface.

Alors que le futur métro francilien a été l’un des atouts importants de cette candidature gagnante, le calendrier de livraison des nouvelles lignes de métro devient impératif. Il devra être respecté pour celles desservant des sites olympiques majeurs comme le centre de presse international et le village des médias, à construire sur la future ligne 17 (via la gare Le Bourget Aéroport). Avec 200 kilomètres de réseau, le projet prévoit la création de quatre nouvelles lignes autour de Paris, le prolongement de deux lignes existantes (les lignes 11 et 14) et la construction de 68 gares.

Plus de 90% du futur métro sera souterrain

Outre la contrainte calendaire, la construction du futur métro express francilien, présenté comme le "chantier du siècle", soulève des questions quant aux dérives possibles sur son coût total. Selon la lettre spécialisée Mobilettre, le Grand Paris Express, estimé à 22 milliards en 2010 puis réévalué à 25,7 milliards début 2017, pourrait coûter finalement la somme astronomique de 35 milliards d'euros.

"Le Grand Paris Express est devenu un projet hors norme, pour lequel on s’apprête à atteindre des coûts de réalisation au kilomètre faramineux: plus de 300 millions d’euros sur certains tronçons, voire davantage" explique cette lettre professionnelle. Plus de 90% du tracé du nouveau métro est souterrain. Les tunneliers creuseront n'auront pas besoin d’excaver à ciel ouvert, mais ils devront creuser à plus de 50 mètres du sol.

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"La ligne 15 Sud concentre aujourd’hui les attentions: on va creuser des tunnels à plusieurs dizaines de mètres de profondeur, construire des gares dont le coût est absorbé à 92% par le génie civil souterrain" souligne aussi Mobilettre. Or, le creusement à de tels profondeurs (bien supérieures à celle du métro ou RER parisien) expose à des aléas qui peuvent vite faire grimper la facture, comme le montre le retard causé par une inondation sur les travaux du prolongement de la ligne 14.

Le montant total des marchés de génie civil sur cette ligne de 33 km s’élève à 3,7 milliards d’euros soit environ 110 millions d'euros du kilomètre... À comparer avec le coût de la ligne à grande vitesse Méditerranée (Paris-Marseille), qui aurait coûté environ 20 millions d'euros par kilomètre.

La Société du Grand Paris n'emploie que 210 salariés

Des questions se posent aussi sur la faiblesse des effectifs de la Société du Grand Paris (SGP). Ses 210 salariés font-ils le poids face aux équipes des géants du BTP auprès desquels ils passent les marchés de génie civil?

La lettre professionnelle déplore "la faiblesse des effectifs de la SGP, obligée de s’en remettre à une multitude de conseils et d’AMO (assistants à maîtrise d’ouvrage) pour mener à bien les gigantesques appels d’offres". Soit autant de risques de surcoût, voire de surfacturation.

En attendant, le nouveau gouvernement, qui se serait réuni début août 2017 à propos des perspectives budgétaires du futur métro francilien, pourrait prendre des décisions très prochainement. On s'attend notamment à ce qu'Emmanuel Macron, qui s'exprimera le 23 octobre, lors de la conférence territoriale de l'Île-de-France, fasse plusieurs annonces à se sujet.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco