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Le français Technicolor accuse Samsung d'avoir violé ses brevets

Technicolor dépense chaque années 100 millions d'euros en R&D.

Technicolor dépense chaque années 100 millions d'euros en R&D. - Alain Jocard - AFP

Le leader des technologies dédiées aux médias et au divertissement a décidé d'attaquer en justice le géant sud-coréen pour contrefaçon de brevets.

Technicolor va engager des poursuites contre Samsung Electronics en France et en Allemagne. Le groupe français, leader des technologies pour les médias et le divertissement a déposé plainte contre le numéro 1 des téléviseurs LCD, des smartphones et des écrans Oled devant le tribunal de grande instance de Paris, les cours régionales de Düsseldorf et de Mannheim.

Technicolor reproche au géant sud-coréen d'utiliser dix de ses brevets qui concerne notamment la compression de vidéos sans lui verser de redevance et sollicite des "ordres restrictifs", c'est-à-dire l'interdiction pour Samsung de vendre ses produits concernés.

Technicolor, un "éleveur de brevets"

Le groupe français revendique plus de 30.000 brevets, dans le traitement de l'image, les télécommunications, l'expérience utilisateur, la sécurité ou les écrans plats. Les technologies qu'ils protègent sont présentes dans nos décodeurs et nos boxes encore aujourd'hui. L'ex-Thomson, dont l'histoire raconte celle de la technologie française, est devenu un véritable "éleveur de brevets".

L'enjeu financier est considérable. Ses brevets lui ont rapporté 511 millions d'euros en 2016, soit 14% de son chiffre d'affaires. Cette manne représente 35% de son bénéfice. Pas question, donc, de laisser qui que ce soit utiliser sans payer des brevets dont la mise à disposition est devenue un axe stratégique pour Technicolor.

Technicolor a des accords avec le chinois TCL, l'américain HP, le taiwanais Azus ou le japonais Toshiba sur 80% de ses brevets. Mais les redevances de brevets que devrait payer Samsung constituent de loin le montant le plus important de tous les licenciés du groupe français.

Un moment délicat

Les négociations à ce sujet sont compliquées, à en croire Technicolor. Constatant que les discussions n'aboutissaient pas, l'industriel a décidé de passer à la vitesse supérieure et d'attaquer en justice le géant sud-coréen.

Ce litige intervient à un moment délicat pour Technicolor. Les revenus de sa propriété intellectuelle se sont effondrés au troisième et au quatrième trimestres. Et aussi parce que, quand bien même le français dépense chaque année 100 millions d'euros en recherche et développement, son portefeuille est vieillissant. Or les brevets technologiques, un peu comme ceux de l'industrie pharmaceutique, perdent de la valeur à mesure qu'ils vieillissent.

Frédéric Simottel, édité par Nina Godart