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Le japonais Softbank s'immisce dans le capital et la gouvernance d'Uber

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Uber - Geoffroy van der Hasselt - AFP

Le groupe américain a accepté le principe d'un investissement du groupe nippon Softbank. À l'issue de cette opération, le fondateur d'Uber, Travis Kalanick devrait perdre ses droits de vote préférentiels.

Le groupe américain Uber, sous pression, a accepté le principe d'un investissement du groupe japonais Softbank Ces initiatives devraient permettre d'apaiser les tensions entre Travis Kalanick, écarté en juin de la direction suite à divers scandales, et certains investisseurs le soupçonnant de manoeuvrer pour retourner à la tête de l'entreprise.

"Le conseil d'administration a voté à l'unanimité en faveur de l'investissement proposé par Softbank et en faveur de changements de gouvernance qui renforceront son indépendance et assureront l'égalité entre les actionnaires", a indiqué à l'AFP un porte-parole du groupe de location de voiture avec chauffeurs. "L'intérêt manifesté par Softbank est une réelle preuve de la confiance portée en l'activité d'Uber et en son potentiel à long terme", a-t-il ajouté.

Le groupe n'a pas précisé le montant de l'investissement, soulignant seulement qu'il serait finalisé "dans les prochaines semaines". Selon une source proche du dossier, le groupe japonais pourrait dans un premier temps apporter 1 milliard à 1,25 milliard de dollars, dans une opération valorisant Uber à 69 milliards de dollars. Softbank proposerait ensuite à des actionnaires actuels d'acquérir entre 14% et 17% de l'entreprise à un prix réduit, a ajouté cette source à l'AFP.

Diluer le pouvoir de Travis Kalanick

Certains investisseurs en désaccord avec la stratégie actuelle de l'entreprise ou désirant retirer leurs billes pour engranger des profits pourraient être intéressés. Les changements de gouvernance ne seront mis en oeuvre que si le rapprochement avec Softbank se confirme. Il est notamment prévu d'éliminer les droits de vote préférentiels accordés à certains actionnaires, dont Travis Kalanick, ce qui diluerait son pouvoir, a souligné la source proche du dossier. Le conseil d'administration a aussi approuvé l'idée de faire entrer Uber en Bourse d'ici 2019. La nomination d'un nouveau directeur général avant une éventuelle arrivée sur le marché serait par ailleurs soumis à une approbation par les deux tiers au moins du conseil d'administration. De quoi protéger le siège de l'actuel patron Dara Khosrowshahi.

Uber, qui a accumulé les pertes financières, fait face à un tourbillon de controverses depuis des mois: accusations de harcèlement sexuel, de vols de technologies, de corruption, d'utilisation de logiciels illégaux, le tout sur fond de conflits avec ses propres chauffeurs et les taxis traditionnels dans plusieurs pays. Si tous ces éléments sont confirmés, Benchmark Capital, un important investisseur, abandonnera la plainte déposée à l'encontre de l'ex-PDG, accusé de comploter pour revenir.

Le fonds contestait encore récemment à Travis Kalanick le droit de nommer des membres au conseil d'administration. Mais ce dernier était parvenu à gagner cette bataille fin septembre en nommant Ursula Burns et John Thain membres de l'instance de direction. Benchmark Capital était aussi opposé à l'arrivée de Softbank au capital d'Uber. Le groupe japonais n'arrive pas en terrain inconnu. Il est déjà actionnaire de sociétés proposant des applications de réservation de voitures avec chauffeurs, en Chine avec Didi Chuxing, qui avait racheté l'an dernier les opérations d'Uber dans le pays, et Grab, et en Inde avec Ola.

D. L. avec AFP