BFM Business
Energie

Le lithium, un métal rare qui fait saliver beaucoup de monde

La Bolivie héberge d'énormes gisements de lithium, grâce à ses immenses étendues de lacs salés.

La Bolivie héberge d'énormes gisements de lithium, grâce à ses immenses étendues de lacs salés. - Aizar Raldes-AFP

"L'essor des véhicules électriques et du stockage de l'énergie "verte" attise les besoins pour le lithium. Ce métal composant les batteries est devenu vital pour toute l'industrie liée à la transition énergétique. Les projets d'extraction pour en sécuriser la production, se multiplient. "

La batterie est la nouvelle priorité des industriels impliqués dans la transition énergétique. En témoigne l'assaut pour presque un milliard d'euros de Total sur Saft, spécialiste des batteries au lithium, appelé "à devenir le fer de lance du groupe dans le secteur du stockage d'électricité".

L'industrie automobile se découvre, elle aussi, une nouvelle appétence pour ce marché. Il y a quelques semaines Daimler a révélé qu'il investira 500 millions d'euros dans une deuxième usine consacrée à la production de batteries lithium-ion en Allemagne, destinées à la voiture électrique.

Tesla Motors réunit les deux besoins précédents. De Gigafactory, son usine géante en construction au coeur du désert du Nevada, sortiront chaque année à partir de 2017, des batteries à la fois capables de stocker l'électricité et destinées aux véhicules électriques de la firme d'Elon Musk.

L'essor de la voiture électrique stimule la demande

Cette ruée sur les batteries provoque un surcroît de demande pour le lithium qui en est un composant essentiel. Déjà utilisé dans les batteries pour smartphones et appareils nomades, ce métal, apprécié pour ses qualités de densité d'énergie et de puissance, satisfait de nouveaux besoins liés à la transition énergétique.

Le lithium voit ainsi sa production croître de 8% en moyenne par an, estimait le BGRM (bureau général des recherches géologiques et minières) en 2013. Goldman Sachs a prédit que pour chaque hausse de 1% du marché des voitures électriques, la demande de lithium grimperait de 70.000 tonnes par année, soit plus du double de la production annuelle (tableau ci-dessous), évaluée à 32.500 tonnes en 2015. Pour la banque d'affaires, une Tesla modèle S dotée de batteries d'une puissance de 70 kWh utiliserait 63 kilos de lithium, 10.000 fois plus qu'un smartphone !

-
- © Source: USGS Minerals information: Lithium.

Ce métal alcalin rare se trouve à l’état de trace sur presque toute la planète. Mais les gisements exploitables à moindre coût se trouvent inégalement répartis sur la planète, essentiellement dans les zones dotées de grands lacs salés comme au Chili, en Bolivie, aux États-Unis, en Argentine et Australie.

La ruée vers ce métal d'avenir offre ainsi des opportunités aux groupes miniers. Soucieux de maîtriser en amont la filière liée à ce métal, vital pour sa alimenter sa future usine de batteries, Tesla sécurise ses approvisionnements. Il a contracté avec Pure Energy Minerals, une compagnie minière canadienne qui détient des droits d'exploitation d'un gisement de lithium dans l'Etat du Nevada. Cet accord complète celui conclu auparavant par Tesla auprès de deux compagnies minières qui projettent d'exploiter un gisement dans le nord du Mexique. Il est du même type que le précédent avec engagement d'approvisionnement de 5 ans, à un prix convenu à l'avance.

De nouveaux projets d'exploration minière voient le jour

Ce marché potentiel suscite de nouveaux projets d'exploration ou la relance de l'exploitation de gisements déjà existants. Au Canada, une société chinoise lorgne la mine Québec Lithium, dont le sort est en suspens depuis la faillite de l'entreprise qui ne l'avait exploitée que quelques mois en 2014.

Attirées par des perspectives de marché alléchantes, les grands sociétés minières se lancent à leur tour dans l'aventure du lithium. Le puissant conglomérat Rio Tinto a obtenu, début 2016, des autorités serbes, l'autorisation pour l'exploitation d'un nouveau gisement situé à 140 kilomètres de la capitale, Belgrade.

Tant que la voiture électrique ne constituera qu'un segment marginal du parc automobile, le risque de pénurie de ce métal restera éloigné. Mais à long terme, la disponibilité limitée de cette ressource pourrait freiner les ambitions de toute une industrie, à moins que se développe le recyclage des batteries ou des alternatives aux batteries, notamment pour le stockage d'énergie.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco