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Le Louvre fait peau neuve grâce aux fonds de son antenne émiratie

François Hollande en compagnie de Jean-Marc Ayrault et du ministre des Affaires étrangères des Emirats arabes unis, Sheikh Abdullah Bin Zayed Al Nahyan, le 5 juillet au Louvre.

François Hollande en compagnie de Jean-Marc Ayrault et du ministre des Affaires étrangères des Emirats arabes unis, Sheikh Abdullah Bin Zayed Al Nahyan, le 5 juillet au Louvre. - AFP - Christophe Petit-Tesson

Cette transformation comprend un réaménagement de l'espace sous la pyramide, de la signalétique, du Pavillon de l'Horloge, entre autres. Une partie a été financée par des mécènes privés, le reste via des fonds levés aux Émirats arabes unis.

Il a fallu débourser plus de 53 millions d’euros pour rénover le plus grand musée français et sa pyramide. Aujourd’hui achevée, la transformation orchestrée par l'agence parisienne Search est présentée au public ce mercredi 6 juillet. Elle a été financée par les revenus générés par la participation du Louvre au projet d'Abou Dhabi. En effet, en vertu de l'accord intergouvernemental signé en 2007 entre la France et l'émirat, un certain nombre de concessions financières ont été acceptées par Abou Dhabi pour avoir "son" Louvre.

Le Louvre explique ainsi avoir puisé dans les contreparties financières des prêts d'oeuvres à son antenne d'Abou Dhabi. Si cette dernière n'est pas encore ouverte (elle devrait l'être à la fin de cette année ou en 2017), l'accord prévoit que l'émirat verse un total de 190 millions d'euros sur 10 ans pour compenser les prêts de plus de 750 oeuvres (sur sept ans), dont 35 millions d'euros sur les trois années précédant son inauguration et 26 millions d'euros pour l'année d'ouverture. 

De plus, le Louvre indique également avoir utilisé "les intérêts" de son fonds de dotation. Créé en 2009, ce fonds est alimenté par les sommes versées par les mécènes du Louvre. Mais surtout, ses statuts prévoient qu'il touche "tout ou partie des sommes" que va verser directement Abou Dhabi au musée du Louvre. Ce qui comprend 400 millions d'euros (versés sur 10 ans, dont 150 avaient été payés dès 2007) sur 15 ans au titre de l'utilisation du nom "Le Louvre" ainsi que 25 millions d'euros de mécénat. Ce fonds avait ainsi 180 millions d'euros de capital en 2015 et investit dans des titres sur les marchés financiers. Le musée a donc mobilisé une partie des intérêts perçus par ce fonds pour se payer son lifting.

Des mécènes sont par ailleurs venus compléter le financement Kinoshita, DS Automobiles, Natixis et Toto font partie des mécènes.

Améliorer les déplacements

L’objectif premier de cette transformation débutée en 2014 est de fluidifier les déplacements des visiteurs. Le musée en accueille plus de 9 millions chaque année, tandis que la pyramide de verre d’accueil avait été conçue pour en recevoir 4,5 millions lors de sa conception il y a plus de 25 ans par l’architecte américain Ieoh Ming Pei, rappellent Les Echos.

Les points de contrôle ont été doublés à l'entrée de la pyramide, l'accès le plus emprunté par les visiteurs, dont la moitié ont moins de 30 ans. Les entrées par l'aile Richelieu et par le Carrousel ont été modernisées. Au total, le musée compte désormais cinq accès au lieu de trois. Le but est de diviser les files d'attente par deux. Le musée mise aussi sur le développement des tickets horodatés, assortis d’un créneau horaire, afin de garantir une entrée dans les trente minutes. À ce dispositif s’ajoute une nouvelle application, grâce à laquelle le visiteur peut se laisser guider à travers les allées vers une œuvre qu’il a repéré. Le musée propose désormais un accès Wi-Fi.

6 à 8 millions 

Par ailleurs, l’aménagement de la pyramide a été repensé et un centre d’information a été créé pour mieux orienter les visiteurs. La billetterie, les vestiaires et les toilettes sont désormais situés en périphérie. Les boutiques sont concentrées dans l'allée du Grand Louvre.

Au nord-ouest du musée, le Pavillon de l'Horloge a été rénové pour une somme comprise entre 6 et 8 millions d'euros. Y loge un projet résolument pédagogique associant des maquettes animées, écrans tactiles et films en 3D. "Cela permet de comprendre la distribution des collections. Et la vue est magnifique sur la pyramide et le jardin des Tuileries", s’enthousiasme le directeur du Louvre, Jean-Luc Martinez. Enfin, de nouveaux panneaux explicatifs traduits en trois langues sont en cours d’installation.

Au final, l'investissement est "le plus important depuis celui du Département des arts de l'Islam", précise Jean-Luc Martinez.

Adeline Raynal avec AFP