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Le magazine Ebdo déjà à court d'argent deux mois après son lancement

Thierry Mandon, Laurent Beccaria, Constance Poniatowski et Patrick de Saint Exupéry lors du lancement

Thierry Mandon, Laurent Beccaria, Constance Poniatowski et Patrick de Saint Exupéry lors du lancement - BFM Business

"Le nouvel hebdomadaire, lâché par ses banques et un gros investisseur, n'a plus que quelques semaines de trésorerie devant lui."

Le 12 janvier est apparu un nouvel hebdomadaire. Vendu 3,5 euros, Ebdo se veut complémentaire des hebdomadaires existants, pédagogique, simple, accessible, détaché de l'actualité. Il cible ceux qui ont arrêté de lire la presse, en particulier en province... bref, "la France d'en bas".

Mais, à peine deux mois après, l'hebdomadaire est à court d'argent. "On n’a pas six mois. Cela se compte en semaines", a déclaré son président Laurent Beccaria à Libération

Défections en série

Explication: Ebdo comptait sur une levée de fonds de 2 millions d'euros qui n'est pas venue, apparemment à cause du numéro controversé du 9 février, où était révélé une plainte pour viol contre Nicolas Hulot. Selon Libération, cette une "aurait fait fuir un gros investisseur".

En outre, Ebdo comptait sur 4 millions d'euros de prêts bancaires qui ne sont pas venus non plus. Lors du lancement, le directeur de la publication Thierry Mandon assurait: "Grâce à cette levée de fonds et à des prêts bancaires, Ebdo aura deux ans pour tenir jusqu'à l'équilibre".

La cagnotte disponible se réduit donc à un million d'euros, issus de la campagne de crowdfunding sur KissKissBankBank (410.000 euros) et des réserves de l'éditeur Rollin Publications (344.700 euros de trésorerie à fin 2016). Ces réserves proviennent des profits de XXI et 6 mois, les deux magazines lancés précédemment -avec succès- par Laurent Beccaria. 

15 millions d'euros de budget par an

Selon Libération, une réduction d'effectifs est "forcément" envisagée. L'équipe compte actuellement 50 personnes, dont 30 journalistes. Ce qui est nécessaire pour remplir une pagination élevée: 100 pages par semaine. En outre, le choix a été fait de se passer totalement de publicité: "Les exigences de la publicité sont extrêmement fortes, ça code un journal, qui se met à penser comme la cible des annonceurs", expliquait Laurent Beccaria lors du lancement.

En cumulant tous ces paris très audacieux, le budget de l'hebdomadaire atteint 13 à 15 millions d'euros par an.

Loin de l'équilibre

Pour équilibrer ce budget, il faudrait "50.000 à 60.000 abonnés, plus 15.000 à 20.000 ventes en kiosques", déclarait Laurent Beccaria dans Marianne. 

On en est loin. Les abonnés stagnent à leur niveau du lancement (8.065). Quant aux ventes en kiosques, Laurent Beccaria revendiquait dans Marianne "30.000 pour le numéro Hulot. Soit 5000 de plus que d’habitude". Une semaine plus tard, il admet dans Libération que les ventes en kiosques sont tombées "entre 8000 à 10.000", une partie des lecteurs ayant été désorientée par le scoop Hulot.

Lors du lancement, le directeur de la publication Thierry Mandon disait viser "70.000 abonnés fin 2019, plus 20.000 ventes en kiosques".

Mise à jour: Buzzfeed affirme mardi 20 mars que Rollin Publications (qui édite Ebdo, XXI et 6 mois) dépose le bilan. Une information démentie par Laurent Beccaria auprès du Figaro: "Nous étudions toutes les options dont celles d’un dépôt de bilan pour préserver le maximum d’emplois. Tout est encore ouvert”.

Les actionnaires de Rollin Publications (XXI, 6 mois, Ebdo)

BSA (Beccaria Sivry et Associés): 41%
Patrick de Saint Exupéry (co directeur de la rédaction d'Ebdo): 41%
Charles-Henri Flammarion (ancien PDG de Flammarion)
Marie-Pierre Subtil (rédactrice en chef de 6 mois)
Thierry Mandon (directeur général de Rollin Publications)
Dominique Villeroy de Galhau (directeur général de la Financière Tiepolo)

Source: Ebdo

Jamal Henni