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Le patron d'Orange défend le projet de rachat de Bouygues Telecom

Trouver ou non un accord est "une question de semaines", selon Stéphane Richard

Trouver ou non un accord est "une question de semaines", selon Stéphane Richard - Eric Piermont AFP

Stéphane Richard a annoncé mardi 12 janvier que le rachat serait "a priori" examiné à Paris et non à Bruxelles.

À l'occasion de sa traditionnelle présentation des voeux mardi 12 janvier, le PDG d'Orange Stéphane Richard a fait un point détaillé sur le rachat de Bouygues Telecom. Revue de détail.

Les négociations

La durée des négociations restantes "se compte en semaines". Ces négociations sont entrées "dans la phase" où sont associés Free et SFR. Le PDG d'Orange a précisé que c'était "Martin Bouygues lui-même qui a[vait] pris l'initiative de rouvrir ces discussions", contrairement à la précédente en 2014 où Stéphane Richard a indiqué avoir fait le premier pas. Si cela a échoué à l'époque, c'est parce que "l'envie de faire était moindre chez Bouygues".

Au passage, Stéphane Richard a laissé entendre que Bouygues Télécom n'avait pas d'avenir tout seul: "Plus personne ne pense qu'il y a de la place pour un opérateur non convergent. Être un opérateur de niche avec des accords pour accéder à un réseau fixe est différent de posséder un vrai réseau fixe".

L'anti-trust

Le rachat sera "a priori plutôt" examiné à Paris et non à Bruxelles, a-t-il annoncé, confirmant les informations de BFM Business. "A priori, la tendance est un examen par l'Autorité de la concurrence en France. Mais ce n'est pas un sujet si critique que cela, ce n'est pas spécialement une bonne nouvelle. Je n'escompte pas une plus grand facilité si c'est instruit à Paris". 

Le rôle de l'État

"L'État ne met pas spécialement de pression. Et les pouvoirs publics n'ont pas de problème de principe avec la présence de Bouygues au capital", a assuré Stéphane Richard, ajoutant: "Bouygues remplit les conditions essentielles en termes de culture, de comportement... pour être accueilli autour de la table".

Stéphane Richard a assuré qu'en 2014, Arnaud Montebourg "était pour" le rachat de Bouygues Télécom par Orange, car l'ex-ministre de l'Économie "était très favorable à la consolidation".

L'emploi

Stéphane Richard a promis "une opération socialement irréprochable", car "on peut se payer un traitement social exemplaire". En effet, 20.000 salariés de l'ex-France Télécom partiront en retraite entre 2015 et 2017, donc "ce n'est pas un problème majeur pour notre démographie". En outre, "il n'est pas question pour Orange de reprendre tous les salariés de Bouygues Telecom", car une partie partira avec les actifs cédés à Free et SFR. Bref, "l'aspect social n'est pas le point essentiel". 

Les prix

"En aucune manière, le consommateur pourrait subir une hausse des prix. Penser que c'est une stratégie ourdie pour préparer une hausse de prix massive est ridicule. Personne ne reviendra sur cet acquis. La baisse des prix intervenue après l'arrivée de Free est un acquis intangible. On ne reviendra pas dessus". Stéphane Richard a rappelé que Free avait basé sa stratégie sur des prix bas: "Pourquoi voulez-vous que Free change de stratégie?".

Néanmoins, les tarifs ne vont pas baisser non plus. "Il ne serait pas raisonnable de penser repartir dans un nouveau cycle de baisse des prix. Les prix ont déjà baissé de 50% depuis trois ans. Que voulez-vous? Une nouvelle baisse de 50%? C'est ridicule! Les opérateurs ne me paraissent pas avoir les marges de manoeuvre pour alimenter une nouvelle baisse des prix. On est arrivé à un niveau limite par rapport à la pérennité du secteur, et ses capacités d'investissement. On ne peut pas raisonnablement espérer que les prix continuent à baisser. Il va y avoir un plateau, même s'il y aura toujours beaucoup d'agressivité commerciale". 

TF1

À nouveau, le patron d'Orange a martelé: "Il n'y a pas de discussion sur TF1. TF1 ne fait pas partie des discussions. Nous ne parlons pas de TF1. Nous n'avons jamais échangé un bout de papier sur TF1. TF1 n'est pas dans le périmètre des discussions. C'est déjà assez compliqué de parler télécoms".

En outre, "Orange a une autonomie stratégique", et doit pouvoir agir "sans que tout le monde dise: c'est politique car l'État dans le capital".

La mention de TF1 "crée une excitation ridicule du landernau. Si le journal télévisé de 20 heures de TF1 faisait la présidentielle, cela se saurait depuis quelques décennies. Quand Patrick Drahi a racheté BFM, il y a eu peu de commentaires sur les implications politiques. Ayons une égalité de traitement..."

Mais Stéphane Richard n'a pas non plus totalement fermé la porte: "Il y aura des liens capitalistiques avec Bouygues qui seront un élément nouveau. Cela changera la donne". Surtout, "la question de la convergence se pose, mais cela ne se limite pas à TF1". 

Jamal Henni