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Le patron de CroissancePlus milite pour une baisse massive des impôts de production

Alors que le gouvernement se penche sur le sujet, Thibaut Bechetoille, le nouveau président du réseau d'entrepreneurs CroissancePlus, propose de supprimer 24 milliards d'euros d'impôts de production sur cinq ans.

Sept fois plus élevés qu'en Allemagne et estimés à près de 72 milliards d'euros en France en 2016 par le Conseil d'analyse économique, les impôts de production sont depuis longtemps dans le viseur des instances patronales. Alors que le ministre de l'Economie lance des concertations sur un nouveau pacte productif qui abordera notamment ce sujet, le nouveau patron de CroissancePlus Thibaut Bechetoille met en avant ses propositions. Invité sur BFM Business dans l'émission "12H L'Heure H", le président de ce réseau d'entrepreneurs propose notamment "de supprimer la C3S (Contribution sociale de solidarité des sociétés - NDLR), très rapidement".

Mais le président de CroissancePlus ne s'arrête pas là. Il préconise également "une trajectoire de baisse des impôts de production" de 24 milliards d'euros sur cinq ans qui consiste, d'une part, à s'attaquer à la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), et d'autre part à réduire la cotisation foncière des entreprises (CFE) "de manière à retrouver (de) la compétitivité".

"Une prise de conscience" mais des marges de manœuvre limitées

Reste à savoir comment financer cette perte de revenus pour l'Etat. "A un moment donné, il faut arrêter de gérer l'Etat dans une vision purement comptable. Il faut avoir une vision un peu stratégique", rétorque Thibaut Bechetoille. Car cette baisse de la fiscalité devrait, selon lui, booster l'économie dans son ensemble et permettre, in fine, de faire des économies, par exemple sur les allocations chômage, ou augmenter les recettes via l'impôt sur le revenu. Selon lui, "il faut prendre en compte cette dimension parce que sinon, on n'en sortira jamais. Et il faut passer d'une espèce de dette improductive et passive à des investissements sur l'emploi, sur l'avenir. Mais je pense qu'il faut le faire maintenant".

De son côté, Vincent Charlet, délégué général de La Fabrique de l’industrie, également invité aux côtés de Thibaut Bechetoille sur BFM Business, se veut plus prudent quant à la possibilité de remédier rapidement à cette problématique. "Il y a une prise de conscience, ça c'est sûr, sur les impôts de production et sur l'ensemble des mesures nécessaires à la santé de l'industrie, du secteur productif", estime-t-il. "Maintenant, il faut des marges de manœuvre budgétaires et c'est quand même là que le bât blesse".

Et de poursuivre: "Le gouvernement a commencé à communiquer sur le sujet il y a déjà quelques jours". L'exécutif a "accusé réception de l'ensemble des études qui ont été produites sur cette question des impôts de production". Selon le délégué général de La Fabrique de l’industrie, il y a "un consensus parmi les économistes pour dire que c'est un impôt idiot, anti-productif". Mais toute la difficulté tient au fait de "trouver un moyen d'y substituer d'autres prélèvements si besoin ou, en tout cas, de réussir à s'en passer. Mais, je le redis, aux dernières nouvelles, il y a un problème de marge de manœuvre budgétaire". 

JCH