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 Environnement : le cri du coeur du prix Nobel d'économie Jean Tirole

Le Nobel d'économie Jean Tirole était interviewé ce jeudi sur BFM Business.

Le Nobel d'économie Jean Tirole était interviewé ce jeudi sur BFM Business. - BFM Business

Invité de BFM Business, Jean Tirole explique pourquoi il redoute que le grand rendez-vous de décembre à Paris accouche d'une souris. Selon lui, trois priorités s'imposent: un accord pour un prix du carbone, une gouvernance et une mesure indépendante de la pollution des pays.

A six mois de la COP 21, le grand rendez-vous écologique mondial qui se tiendra à Paris, notre prix Nobel d'économie Jean Tirole a répondu aux questions de Laure Closier sur BFM Business en marge de l'Amundi World Forum.

Le professeur d'économie à l'université de Toulouse a fait un bilan désabusé de la situation actuel sur le front de la lutte contre le réchauffement climatique. "On ne parle toujours pas de prix du carbone, de vérification des émissions", a-t-il regretté. Pourtant, "les quotas existent pour un certain nombre de polluants. On sait faire". En somme, selon lui "le problème du réchauffement climatique n'est pas un problème économique mais un problème politique. On ne veut pas faire. Chaque pays attend que les autres fassent".

Pour lutter efficacement pour préserver l'environnement, l'expert estime qu'il faut "un accord global. Sinon les gens pensent que c'est injuste et ils arrêtent leurs efforts. Et la production va dans les pays où le carbone coûte peu cher".

Difficile de discuter à 200

Mais pour obtenir cet accord global, nul besoin de faire se réunir le plus grand nombre de dirigeants, au contraire. "Il est très difficile d'avoir une discussion à 200 pays. Il faut faire un club de pays qui émettent beaucoup (de cCo2, ndlr) et veulent résoudre le problème, qui feront ensuite pression sur les autres".

Pour le moment, les mesures prises ne donnent pas vraiment de fruit. Bluenext, la première bourse environnementale née pour accompagner la financiarisation du marché du carbone a fait faillite en 2012. "Il y a un pari général sur le fait que les négociations climatiques ne vont pas marcher, et que le prix du carbone va rester bas", reconnaît Jean Tirole. "Ce qui est prévu pour Paris, ce sont des promesses très vagues qui n'engagent que ceux qui les écoutent", ajoute-t-il.

Pour que la COP 21 débouche sur du concret, "on sait ce qu'il faut faire", prévient-il. "Il y a un sujet très polémique, c'est la compensation entre pays. Ce qu'on appelle le fonds vert. C'est le problème numéro 1, qui est très complexe". Ensuite, "il faut un accord pour un prix du carbone, une gouvernance, une mesure indépendante de la pollution des pays. Si à Paris, on se met d'accord là-dessus et sur un agenda, ce sera déjà pas mal"…

N.G.