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 "Le rachat de Newen par TF1 a jeté l'opprobre sur tous les producteurs"

Le jeu 'Slam' sur France 3 bat régulièrement 'Cinq à sept avec Arthur' sur TF1

Le jeu 'Slam' sur France 3 bat régulièrement 'Cinq à sept avec Arthur' sur TF1 - Effervescence

Interview de Simone Harari, président d'Effervescence, qui produit les jeux Slam et Tout le monde veut prendre sa place, mais aussi le magazine scientifique FutureMag sur Arte, et des fictions comme La bonne dame de Nancy récemment sur France 3.

BFM Business: Quels sont vos projets dans les jeux ?

Simone Harari: Nous avons développé un nouveau jeu, 10 chances. Il s’agit d’un quiz où, cette fois, il n’y a pas une, mais plusieurs bonnes réponses à trouver. Le jeu sera animé par une femme. Nous avons réalisé un pilote pour France 3, et sommes en attente de la décision finale de la chaîne. C’est un nouveau concept original et non l’importation d’un format étranger. C’est déjà le cas de nos deux autres jeux: Slam, diffusé sur France 3 depuis 7 ans, et Tout le monde veut prendre sa place, qui va fêter ses 10 ans sur France 2 avec une programmation spéciale du 27 juin au 4 juillet. Ces deux jeux à succès sont deux créations originales que nous avons réussi à exporter dans plusieurs pays.

L’arrivée d’Arthur sur TF1 en face de Slam (diffusé à 17h30) vous fait elle-peur?

Il ne faut pas sous-estimer Arthur, qui a beaucoup de talent. Mais pour l’instant, Slam continue à être souvent leader à cette heure. Je note d’ailleurs que certains jours, Slam est leader avec seulement 13% de parts d'audience sur les 4 ans et plus. Cela prouve tout à la fois le fractionnement des audiences, et la remise en cause de ce sacro-saint indicateur des 4 ans et plus, qui poussait les chaînes à toujours offrir les programmes les plus consensuels. Les diffuseurs commencent à raisonner autrement, ce qui va leur permettre d’être plus audacieux.

Vous vous lancez aussi sur YouTube…

En effet, nous avons lancé en mai String Theory, un ensemble de chaînes et de vidéos, qui privilégie un ton pop pour faire découvrir et aimer la science sur le web. On y retrouve les youtubers français les plus populaires dans ce domaine: Dr Nozman, ExperimentBoy, Florence Porcel… En un mois, nous comptons déjà plus de 40.000 abonnés. Le modèle économique est moins évident qu’en production audiovisuelle, mais c’est un pari qui nous tient à coeur, et nous avons la chance de bénéficier du soutien financier du CNES, d’Universcience et de Saint Gobain.

Quelle est votre position dans le débat actuel sur les rapports entre chaînes et producteurs ?

Le rachat de Newen par TF1, concurrent de son principal client [France Télévisions, après le bras de fer sur Plus Belle la Vie, a jeté l’opprobre sur tous les producteurs, qui payent maintenant les pots cassés.

Il est vrai que la situation économique des chaînes est plus difficile. Il faut donc que les producteurs fassent preuve de compréhension. Mais à ce problème réel, certains ont apporté de mauvaises réponses. Par exemple, accorder à la chaîne des parts de co-producteur du programme, pour leur permettre de bloquer la revente de ce programme aux chaînes concurrentes. Ou encore permettre aux chaînes de racheter des producteurs. Or l’expérience montre que la production interne est toujours plus chère et moins créative. Et cela ne donnera pas plus de contrôle éditorial aux chaînes, car en pratique, les chaînes l’ont déjà.

Je suis plutôt favorable à ce que les chaînes soient mieux intéressées à la revente de leurs programmes –ce qu’on appelle le droit à recettes. Ou que la chaîne puisse s’opposer, sans avoir à payer pour cela, à la vente à une chaîne concurrente des anciennes saisons d’un programme dont une nouvelle saison est en renouvellement.

Jamal Henni et Simon Tenenbaum