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Energie

Le rapprochement entre EDF et Areva bute sur le prix

Areva serait peu encline à réduire le périmètre de ses activités à l'extraction et la vente de combustible nucléaire.

Areva serait peu encline à réduire le périmètre de ses activités à l'extraction et la vente de combustible nucléaire. - Areva

Un rachat par EDF des activités nucléaires d'Areva est bien à l'étude, selon Reuters, mais les discussions achopperaient sur la question de la valorisation de cette branche, et sur le peu d'enthousiasme chez l'ex-Cogema.

Les discussions sur un rachat par EDF de toute ou partie des activités d'Areva dans les réacteurs nucléaires butent notamment sur des questions de valorisation, ont indiqué jeudi trois sources au fait du dossier. Selon ces sources, dans un scénario qui consisterait pour EDF à racheter la seule ingénierie des réacteurs du groupe nucléaires, l'électricien a fait une proposition ferme de 280 à 300 millions d'euros alors que son fournisseur demande un milliard.

Une des sources a déclaré qu'EDF était aussi prêt à faire une offre pour l'ensemble des activités d'Areva dans les réacteurs (Areva NP), qui incluent également la fabrication des grands composants et la maintenance, mais qu'il ne disposait pas de toutes les informations nécessaires.

"C'est clairement l'option que le gouvernement valide, EDF est prêt à déposer une offre mais Areva n'a pas donné tous les éléments permettant de valoriser l'activité", selon cette source, qui évoque une fourchette de valorisation très large allant de deux à trois milliards d'euros.

Areva ne veut pas devenir "l'arrière-boutique d'un électricien"

"Une décision pourrait être prise très vite mais Areva a beaucoup de mal à accepter de redevenir la Cogema (centrée sur le combustible nucléaire NDLR) et cherche à gagner un maximum de temps."

Selon une autre source, des voix s'élèvent en effet chez Areva pour critiquer une activité dans les réacteurs qui serait réduite à "l'arrière-boutique d'un électricien" ou encore à "un magasin de pièces détachées".

Selon un député au fait du dossier, le directeur général d'Areva Philippe Knoche a déclaré il y a peu aux élus du Cotentin qu'un rachat d'Areva NP par EDF "n'était pas un scénario qu'il soutenait personnellement". Le dirigeant privilégie la cession d'une participation d'un maximum de 49% dans le pôle minier et la création d'une coentreprise Areva-EDF dans l'ingénierie nucléaire, a précisé cet élu.

Forcer Areva à aller à la table des négociations

Un autre acteur du dossier, au fait des réflexions d'Areva, dément que le groupe cherche à gagner du temps dans les négociations et estime que "ce n'est pas uniquement sur les valorisations qu'il y a des blocages".

Areva et EDF, dont l'Etat détient environ 87% et 84,5% du capital respectivement, de même que le ministère de l'Economie, n'ont pas souhaité commenter ces informations. Une des sources a en outre indiqué qu'une réunion à l'Elysée pourrait se tenir prochainement pour "taper du poing sur la table et forcer Areva à aller à la table des négociations" au sujet de l'option d'une reprise d'Areva NP par EDF.

Dans ce scénario, EDF se doterait d'une nouvelle division qui serait ensuite filialisée, pour lui permettre de travailler avec d'autres clients et éventuellement de faire entrer d'autres partenaires à son capital, par exemple en cédant une participation de quelques parts à des investisseurs chinois.

EDF ne veut pas de l'EPR finlandais 

Il s'assurerait en outre une meilleure maîtrise du coût et de la qualité des équipements produits par son fournisseur, dont les réacteurs EPR en construction à Flamanville (Manche) et en Finlande multiplient les déboires.

EDF ne reprendrait pas toutefois les passifs liés à l'EPR finlandais, pour lesquels une garantie de l'Etat français pourrait être envisagée. Areva, en perte de 4,8 milliards d'euros en 2014, a annoncé jeudi son intention de supprimer entre 5.000 et 6.000 postes au niveau mondial sur trois ans dans le cadre de son plan de sauvetage, dont 3.000 à 4.000 en France.

L'ingénierie des réacteurs nucléaires d'Areva emploie près de 10.000 personnes. Les effectifs de la totalité d'Areva NP s'élèvent à 17.000 personnes, dont 10.000 en France. Le groupe a prévu de présenter d'ici à fin juillet un plan de financement pour la période 2015-2017 qui inclura "des partenariats comportant un volet financier" et un renforcement de ses fonds propres pouvant passer par une augmentation de capital.

N.G. avec Reuters