BFM Business
Culture loisirs

Le sac Birkin d'Hermès, un meilleur investissement que l'or, vraiment?

Le sac Birkin a vu sa valeur progresser, en moyenne, de 14% par an.

Le sac Birkin a vu sa valeur progresser, en moyenne, de 14% par an. - Weng Cheng Liu - Wikimedia Commons - CC

Le site de vente de sacs de lux Baghunter s'est fendu d'une étude pour démontrer qu'investir dans le sac d'Hermès était plus rentable et moins risqué que les actions ou l'or. Une étude quelque peu biaisée.

Oubliez le CAC40, le pétrole, l'or, le Dax, l'immobilier ou même les péniches. Le meilleur placement: un sac Birkin d'Hermès.

C'est tout du moins ce que veut nous faire croire le site Baghunter, spécialisé dans la vente de sacs de luxe. Ce dernier a récemment publié un post sur son site internet dans lequel il tente de démontrer que le sac qui doit son nom à la chanteuse britannique Jane Birkin est un meilleur investissement que l'or ou les actions.

Baghunter explique ainsi qu'entre 1980 et 2015, le S&P500, l'indice le plus large à Wall Street, faisait gagner en moyenne, en tenant compte de l'inflation, 8,65% par an aux investisseurs. Pour l'or, sur la même période, le chiffre est même négatif, si on prend en compte l'inflation (-1,5%). Alors que la hausse moyenne du prix du sac Birkin d'Hermès a elle été de…14,2% par an.

Un risque plus faible

Mais le gain ne fait pas tout. Il doit être associé au risque pour prendre la véritable mesure de l'intérêt d'un investissement. Il se peut, en effet, qu'un investissement soit très volatile, c'est-à-dire qu'il peut faire gagner beaucoup mais également faire perdre énormément. En ce sens, Baghunter souligne que le S&P500 a déjà connu une hausse annuelle de 37,2% (en 1995) mais aussi une baisse de 36,6% en 2008. Dans le cas de l'or, la fourchette est plus serrée (14,3% pour la plus forte hausse et 7,9% pour la plus forte baisse).

Alors que le sac dont les premiers exemplaires ont été vendus en 1984 a toujours vu sa valeur monter, avec des hausses allant de 2,1% (en 1986) à 25% (en 2001). "Ceci fait du sac Birkin Hermes l'investissement le moins risqué et de loin. Alors que les facteurs économiques affectent le S&P500 et l'or, l'exclusivité au sac Birkin lui a permis de maintenir sa valeur, même en période de récession", écrit Baghunter.

Un investissement, vraiment?

A priori les investisseurs ont donc tout intérêt à se ruer chez Hermès pour s'inscrire sur la (longue) liste d'attente des candidats à l'achat de cet objet de tant de désir. Ou, s'ils sont impatients à investir dans une des "occasions" proposées par les magasins spécialisés.

Sauf que, sans remettre en cause les chiffres présentés, Baghunter a évidemment un intérêt évident à promouvoir ce produit. Or considérer l'achat d'un Birkin comme un investissement comparable à l'or et les actions revient à un peu comparer "des pommes et des poires", comme le souligne Quartz. En effet, pour acheter un sac Birkin il faut compter plus de 10.000 euros (et jusqu'à 200.000 euros pour les modèles les plus onéreux).

En d'autres termes, on peut difficilement comparer le sac Birkin aux actions et à l'or dans la mesure où il est beaucoup plus difficile "d'investir" sur le sac, car son prix est élevé et il y en très peu d'exemplaires disponibles sur le marché. On parle alors d'un marché "peu liquide".

Comme pour les Ferrari, c'est d'ailleurs justement parce qu'il y a peu d'exemplaires (et donc logiquement de vendeurs) et d'unités produites que le prix du sac est si élevé. S'il venait à être passé de mode, les riches propriétaires du sac seraient nombreux à vouloir s'en défaire et son prix s'effondrerait logiquement.

Enfin, et non des moindres, ce n'est pas parce que le sac a eu de "bonnes performances" par le passé que cela se vérifiera à l'avenir. Au contraire, Michael Tonello, l'auteur du livre Bringing Home the Birkin, explique justement à Quartz que le Birkin "pouvait être un investissement solide il y a cinq ans mais plus maintenant". Selon lui, le célèbre sac de luxe n'est plus si rare qu'il n'y paraît et en fait "l'offre excède désormais la demande". Les beaux jours du Birkin sont donc peut-être derrière lui...

J.M.