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Le "Salvator Mundi" de Vinci, adjugé à un prix record, sera exposé au Louvre d'Abu Dhabi

Le "Salvator Mundi" a été vendu un prix record.

Le "Salvator Mundi" a été vendu un prix record. - Timothy A. Clary - AFP

Le tableau de Léonard de Vinci a été vendu aux enchères pour 450,3 millions de dollars, pulvérisant le record de la toile la plus chère du monde. Le Louvre d'Abou Dhabi réussit un joli coup marketing en l'exposant.

"Salvator Mundi arrive au Louvre Abu Dhabi", a tweeté l'institution, sans préciser l'identité du propriétaire du tableau. Ce tableau de Léonard de Vinci, vendu en novembre aux enchères pour un montant record de 450,3 millions de dollars, va être exposé dans le tout nouveau musée. Un coup marketing sans précédent pour l'établissement, qui aurait été rendu possible par un prince saoudien. Interrogé par l'AFP, le musée n'a pas immédiatement donné suite.

C'est un coup de projecteur exceptionnel pour ce nouveau musée, que l'homme fort des Émirats arabes unis, le cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, avait qualifié de "monument culturel mondial" lors de son inauguration le 8 novembre en présence du président français Emmanuel Macron. "Félicitations", a tweeté la maison d'enchères Christie's, qui avait organisé à New York la vente au cours de laquelle le tableau "Salvator Mundi" avait pulvérisé le record de la toile la plus chère du monde, détenu depuis 2015 par "Les Femmes d'Alger (version 0)" de Pablo Picasso.

Acheteur mystère

Depuis cette vente, les spéculations vont bon train sur l'identité de l'acheteur de cette toile, vendue par le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev, qui l'avait acquise pour 127,3 millions de dollars en 2013, un prix qu'il avait ensuite jugé sur-évalué. L'hebdomadaire français Le Journal du dimanche a affirmé qu'il s'agissait de deux sociétés d'investissement, agissant dans le cadre d'un accord financier avec plusieurs grands musées. Après son acquisition, l'œuvre devait être revendue ou louée à des musées, notamment en Asie et au Moyen-Orient, selon l'hebdomadaire.

En début de soirée, le New York Times a affirmé que l'acquéreur était le prince saoudien Bader ben Abdullah ben Mohammed ben Farhan Al-Saud, proche du prince héritier Mohammed ben Salmane. Très peu d'informations sont disponibles sur celui qui n'est pas connu pour être un collectionneur.

Selon le site du groupe énergétique coté américain Energy Holdings, dont il est vice-président du conseil administration, le prince Bader serait l'un des "plus jeunes entrepreneurs d'Arabie Saoudite", présent dans les secteurs des télécommunications, de l'immobilier, de l'énergie et du recyclage. Interrogé par l'AFP, Christie's, qui a organisé la vente du tableau, s'est refusé à tout commentaire.

Une histoire digne d'un roman 

Ce tableau était le seul connu de Léonard de Vinci à appartenir encore à un collectionneur privé, tous les autres étant la propriété de musées. L'histoire de cette oeuvre de 65 cm sur 45, peinte autour de 1500 par Léonard de Vinci (1452-1519), est digne d'un roman. Certains experts estiment qu'elle pourrait avoir été commandée par le cour de France et elle a été propriété des rois d'Angleterre.

Après sa réapparition à la fin du XIXème siècle, elle a longtemps été considérée comme l'oeuvre d'un contemporain de Léonard de Vinci: vendue pour 45 livres en 1958 chez Sotheby's, elle n'a été authentifiée formellement comme un "Leonardo" qu'en 2005. Depuis, quelques spécialistes ont émis des réserves sur le rôle qu'a effectivement joué Léonard de Vinci dans sa conception.

"Il n'y aurait pas de Louvre sans Mona Lisa et d'une certaine manière, on pourrait faire valoir qu'il n'y aurait pas de Paris sans le Louvre", avait déclaré Loïc Gouzer, co-président des départements d'art post-seconde guerre mondiale et contemporain pour la zone Amériques de Christie's, lors de la présentation du tableau, le 10 octobre. "Donc quiconque achètera ce tableau placera son nom, sa collection, probablement son musée et peut-être sa ville dans le paysage culturel", avait ajouté celui qui est considéré comme le principal artisan de cette vente historique.

Le chantier a fait l'objet de nombreux retards

Depuis son inauguration, le Louvre Abu Dhabi avait déjà dans ses murs un autre tableau de Léonard de Vinci, "La Belle Ferronnière", portrait prêté par le Louvre Paris et présenté comme la star du nouveau musée. Au total, 300 oeuvres ont été prêtées par 13 musées français, dont "Autoportrait" de Vincent van Gogh.

Le coût de la construction du musée, conçu par l'architecte Jean Nouvel, était initialement de 600 millions d'euros mais le chantier a fait l'objet de nombreux retards, de nature à alourdir la facture. Le projet s'appuie sur un accord d'une durée de 30 ans, qui prévoit que Paris, représentée par l'Agence France-Muséums, apporte son expertise, prête des oeuvres d'art et organise des expositions temporaires contre un milliard d'euros. Sur ce total, la seule concession du nom du Louvre jusqu'en 2037 rapporte au musée parisien 400 millions d'euros.

D. L. avec AFP