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La Norvège tente de dédiaboliser son saumon

Des fermes d'aquaculture en Norvège.

Des fermes d'aquaculture en Norvège. - NTFK - Wikimedia – CC

La Norvège, principal producteur de saumon, tente de redorer la réputation de l'une de ses richesses nationales, ternie par un reportage passé en France l'année dernière, qui le jugeait nocif pour la santé.

Pour le réveillon de Noël, vous avez peut-être mangé du saumon. Souvenez-vous, à l'automne dernier, un reportage sur le saumon d'élevage provoquait un scandale en France. Un peu plus d'un an après la polémique, la Norvège, principal producteur, continue de se battre pour redorer son image.

L'enjeu est important: la France est le premier consommateur de saumon en Europe, et l'année dernière, les ventes de saumon norvégien ont chuté de 7%. Une des fermes du pays a ouvert ses portes à BFM Business.

Ni antibiotiques, ni hormones de croissance

Elle se situe à Hitra, une petite île dans l'ouest de la Norvège, un pays d'où proviennent quasiment les deux tiers de la production mondiale de saumon. Après la polémique de l'année dernière, les éleveurs, comme, le Français Henri Lapeyrere, président de Leroy France, répondent aux accusations.

"On nous a dit qu'on utilisait des antibiotiques, ce qui est complètement faux. Sur cette ferme, je n'ai pas utilisé d'antibiotiques depuis plus de dix ans. On a parlé d'hormones de croissance, on a dit beaucoup de choses, mais je pense que les gens ont un peu peur parce que le poisson, on ne le voit pas".

La viande du poisson plus grasse

Ici, les saumons sont élevés d'abord en eau douce, jusqu'à l'âge d'un an, dans des grands bacs dont l'eau est renouvelée en continu. Puis deux ans dans la mer, dans des bassins entourés par des filets. Le cycle naturel du saumon est respecté, mais il est accéléré. Et les associations, comme France Nature Environnement, s'en inquiètent. Benoît Hartmann, son porte-parole, explique:

"Quand un industriel se vante d'avoir mené à sa taille adulte un saumon en deux ans au lieu de cinq ans, il faut se demander comment il l'a fait. Si c'est avec une alimentation plus grasse, il faut se dire qu'éventuellement, la viande du poisson va être plus grasse".

Cette alimentation justement, l'une des premières sources d'inquiétude pour les consommateurs. Vidar Gundersen, travaille chez Biomar, l'un des leaders de la nourriture pour poisson. Il admet la présence de certaines dioxines.

Cette alimentation justement, l'une des premières sources d'inquiétude pour les consommateurs. Vidar Gundersen, travaille chez Biomar, l'un des leaders de la nourriture pour poisson. Il admet la présence de certaines dioxines.

"Il y a toujours la possibilité de proposer une nourriture encore plus propre. Mais est-ce nécessaire? Est-ce que c'est une demande du consommateur? Et bien sûr, est-ce qu'il est prêt à en payer le prix?" 

Un taux de dioxine de 0,5% pour une limite de 6,5%

En moyenne, le taux de dioxine relevé sur les saumons de Norvège est de 0,5%. Largement en dessous du niveau autorisé par l'Union Européenne: 6,5%. Aucun danger, bien au contraire. C'est la conclusion de la directrice de recherche de l'institut national norvégien de recherche sur la nutrition. Chaque année, des milliers d'échantillons sont analysés dans ses laboratoires. Ingvild Eide Graff, directrice de recherche au NIFES:

"Les poissons sont une très bonne source d'Omega 3, de vitamine D, d'iode, d'oligo-éléments, et de protéines de haute qualité. Des qualités beaucoup plus importantes que le faible niveau de substances indésirables".

Mais là encore, France Environnement émet quelques doutes, notamment sur la présence de mercure, ou de plomb. Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement: 

"Il est facile de dire 'regardez comme mon poisson est propre', parce qu'on ne trouve pas de pesticide par exemple. En revanche, ils n'ont pas cherché les métaux lourds, et peut-être qu'il y en a une accumulation dans ces poissons-là". 

Le sujet n'a pas fini de diviser. En France, les autorités sanitaires recommandent de manger du poisson deux fois par semaine, dont une fois un poisson gras, comme le saumon.

Dorothée Balsan