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Le scandale gronde à la Banque mondiale

Jim Yong Kim a organisé une réunion lundi 6 octobre.

Jim Yong Kim a organisé une réunion lundi 6 octobre. - Stephen Chernin - AFP

La Banque Mondiale fait face à un vaste plan de réorganisation avec de possibles suppressions de postes. L'annonce de versement de bonus a mis le feu aux poudres.

Le malaise continue de grandir à la Banque mondiale (BM), secouée par une fronde contre un vaste plan de réorganisation interne et le versement de bonus à certains hauts dirigeants. Mis sous pression, le président de la BM Jim Yong Kim a été contraint d'organiser une réunion publique lundi 6 octobre pour écouter "les inquiétudes" du personnel, à l'orée de l'assemblée annuelle de cette institution-phare de lutte contre la pauvreté, a-t-on appris auprès de la Banque.

L'association des personnels avait réclamé cette réunion pour exprimer sa "colère" et dénoncer un "climat de peur et de confusion" au sein de la Banque, selon un mémo interne obtenu vendredi par l'AFP. Fait rarissime, quelque 200 salariés avaient répondu jeudi à l'appel d'un tract anonyme et s'étaient brièvement réunis dans le hall de l'organisation à Washington pour protester notamment contre un plan d'économie interne qui pourrait inclure des suppressions de postes.

Latent depuis des mois, le malaise a grandi depuis la révélation mercredi que le directeur financier de la BM, le Français Bertrand Badré, s'était vu accorder 94.000 dollars de bonus pour l'année fiscale 2014, s'ajoutant à un salaire net d'impôts annuel de quelque 380.000 dollars. Au moins trois autres hauts dirigeants de l'institution ont bénéficié de ces "primes pour compétence rare", mais leurs identités n'ont pas été dévoilées.

Restructuration depuis juillet 2012

Vendredi, des sources proches de la Banque ont révélé à l'AFP que Bertrand Badré, aux avants-postes de la restructuration interne de la BM, s'était déjà vu accorder une première prime de près de 95.000 dollars, versée par tranches successives, lors de son recrutement en mars 2013. Interrogée sur le fait que cette somme n'apparaît pas dans le dernier rapport financier de l'institution, la Banque mondiale a fait savoir à l'AFP que les primes de recrutement "n'ont jamais été inclues" dans les éléments de rémunération des hauts dirigeants sujets à publication.

Pour justifier le versement de bonus en pleine cure d'austérité, la Banque mondiale avait mis en avant mercredi le besoin de "d'attirer" et de "retenir" des dirigeants de "haut calibre".

Engagée par le président Kim depuis sa nomination en juillet 2012, la restructuration interne de la Banque vise à réduire ses dépenses de 400 millions de dollars sur trois ans mais également à doper ses ressources afin d'atteindre son objectif d'éradication de l'extrême pauvreté d'ici à 2030. En renchérissant le coût de ses prêts et en augmentant ses placements sur les marchés, la Banque avait déjà annoncé en avril dernier être parvenue à une augmentation "sans précédent" de sa force de frappe financière.

D. L. avec AFP