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Le sulfureux passé du repreneur de la SNCM

Patrick Rocca, 50 ans, est un entrepreneur corse dont le groupe se présente comme le premier employeur privé de l'île.

Patrick Rocca, 50 ans, est un entrepreneur corse dont le groupe se présente comme le premier employeur privé de l'île. - Boris Horvat - AFP

Patrick Rocca, qui a obtenu ce vendredi la reprise de la compagnie de ferries SNCM, a un lourd passé judiciaire. Le procureur du tribunal de commerce a évoqué des "condamnations gênantes au regard de l'ordre public économique".

Désigné vendredi pour reprendre la SNCM malgré plusieurs condamnations judiciaires, Patrick Rocca, 50 ans, est un entrepreneur corse dont le groupe se présente comme le premier employeur privé de l'île. Favori depuis que le procureur de la République de Marseille s'était prononcé en sa faveur début novembre, Patrick Rocca partait pourtant de loin.

La faute, entre autres, à son passé judiciaire. Celui-ci avait même fait tiquer le procureur Brice Robin lors d'une audience du tribunal de commerce en mars au cours de laquelle il avait évoqué des "condamnations gênantes au regard de l'ordre public économique". Début novembre, en se prononçant en sa faveur, le procureur avait dit espérer de Patrick Rocca "la droiture dans la gestion de ses différents patrimoines professionnels et personnels".

Un fusil d'assaut chargé dans ses bureaux

Le chef d'entreprise a été condamné en février 2014 par le tribunal correctionnel d'Ajaccio à trois mois de prison avec sursis et 100.000 euros d'amende pour escroquerie, abus de bien social et faux et usage de faux. Une peine qui n'entraînait toutefois pas d'incapacité à gérer une entreprise et ne faisait donc pas obstacle à la reprise de la SNCM, a finalement estimé le parquet en requérant en sa faveur.

En 2010, Patrick Rocca avait été aussi condamné à 10 mois de prison pour détention d'arme -un fusil d'assaut chargé avait été découvert dans les locaux de sa société, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat d'un de ses proches. Patrick Rocca n'avait toutefois pas été incarcéré et avait porté un bracelet électronique.

"Là pour défendre un projet, pas un casier"

"J'ai un passé, il faut l'assumer, je l'assume", commente laconiquement l'entrepreneur quand il évoque la question de son passé judiciaire. "C'est certainement le casier judiciaire de Patrick Rocca qui a été le plus examiné" dans la procédure, a commenté vendredi son avocat Alain Guidi. "Mais on était là pour défendre un projet, pas un casier", a-t-il dit devant la presse.

Né le 10 mai 1965 à Ajaccio, Patrick Rocca est à la tête d'un groupe comportant 27 sociétés. À l'origine, une activité de transports de marchandises, créée en 1989 et qui est, selon les informations qu'il a communiquées pendant la procédure, le 3e client de la SNCM. Son groupe s'est ensuite développé vers d'autres secteurs, traitement de déchets, immobilier, BTP. Il est notamment, toujours selon ses déclarations, derrière plusieurs programmes immobiliers pesant quelque 550 millions d'euros de travaux en Corse.

Soupçons de favoritisme

Au total, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 81 millions d'euros pour un résultat net de près de 8 millions d'euros en 2014 et emploie 634 salariés, faisant de lui le premier employeur privé de Corse, revendique-t-il.

Les détracteurs de Patrick Rocca évoquent aussi sa proximité supposée avec le président PRG de l'exécutif corse Paul Giacobbi, candidat à sa succession lors des élections territoriales de décembre en Corse, sous-entendant que cela aurait pu le favoriser dans le dossier SNCM. Sur la liste de Paul Giacobbi, en 8e position, figure la compagne de l'entrepreneur.

N.G. avec AFP