BFM Business
Transports

Le tourisme et l'industrie souffrent des grèves dans les transports

Grève

Grève - Pascal Pavani / AFP

Les mobilisations des cheminots et des salariés d'Air France durent depuis maintenant un mois. Ce ralentissement dans les transports a des répercussions dans d'autres secteurs.

Engagés dans des grèves longues depuis maintenant un mois, les syndicats de la SNCF et d'Air France se montrent déterminés. Alors que les cheminots protestent contre la réforme du rail lancée par le gouvernement, pilotes, personnel naviguant et au sol sont mobilisés pour obtenir une augmentation de salaire de 6%. Résultat, de nombreux trajets sont annulés, quelle répercussion ces mouvements sociaux ont-ils sur l'économie?

Coup d'arrêt dans le tourisme

Le premier secteur touché par une grève dans les transports est évidemment l'hôtellerie-restauration, autrement dit le tourisme. Après une bon début d'année, "les hôteliers français enregistrent de nombreuses annulations ou des reports liés aux différents épisodes de grève", note le cabinet MKG. Les plus fortes baisses de fréquentation correspondent aux jours de grève, avec une tendance "plus marquée en province". La façade Atlantique est la plus touchée avec "une baisse d'activité de l'ordre de 25%" sur un an, observe Didier Chenet, président du groupement patronal de l'hôtellerie-restauration GNI.

Le cabinet s'inquiète également des réservations de séjours pour juin, un mois traditionnellement très important dans le secteur. "Elles sont déjà en retrait par rapport à la même date l'an dernier, jusqu'à -15% pour certains, en province et à Paris", déplore-t-il.

Le secteur de la restauration souffre lui aussi. "On enregistre des baisses jusqu'à -50% les jours de grèves dans certains établissements parisiens du fait du télétravail et des journées plus courtes qui font sauter le restaurant à midi", note le GNI.

René-Marc Chikli, président du syndicat des tour-opérateurs (Seto), craint lui que ces grèves découragent carrément les Français de partir en voyage, avec des "répercussions sur tous les acteurs". Car "nous n'avons jamais eu de grèves combinées SNCF et Air France", relève-t-il.

Certains tirent néanmoins leur épingle du jeu: le géant hôtelier AccorHotels, fort de 1578 hôtels en France, assure "ne pas voir de répercussion à ce stade sur l'activité", tant pour les taux d'occupation que pour les réservations.

Sidérurgie, chimie, agricultures… touchés par la baisse du fret

La mobilisation des cheminots touche aussi l’activité de fret, en raison notamment de la grève des aiguilleurs. Le train représente seulement 10% du transport intérieur de marchandises en France, mais certains secteurs y ont fréquemment recours.

Il s'agit notamment des usines de sidérurgie, des entreprises de la chimie préfèrent souvent le train à la route pour transporter des matières dangereuses, les constructeurs automobile expédient sur les rails des véhicules en sortie d'usine, mais aussi le bâtiment et les travaux publics, qui s'approvisionnent en granulats et autres matériaux de construction, ou bien l'agriculture, pour le transport de céréales vers les ports d'exportation.

Ces derniers peuvent tenir grâce à leurs stocks de sécurité mais pourraient rencontrer des difficultés à mesure que la grève se poursuit.

Quels effets sur la croissance?

Si certains secteurs sont pénalisés à court terme, quel impact les grèves ont-elles sur l'économie française? La référence en la matière est le mouvement de 1995 contre le "plan Juppé", d'une ampleur bien plus forte que la mobilisation actuelle. À l'époque, la perte était de 0,2 point sur le trimestre et avait été rattrapée le trimestre suivant.

L’Insee indiquait en mars que l’impact des grèves sur le PIB est de 0 à 0,1 point de perte, selon l’intensité. Ces pertes sont généralement compensés par une hausse de l'activité les trimestres suivants au global. En revanche, dans les détails, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Les acteurs du tourisme notamment ne peuvent pas rattraper des réservations annulées.

J.-C.C. avec AFP