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Pourquoi le retour de Nokia dans les smartphones reste possible

En revendant sa division mobile à Microsoft, Nokia s'est engagé à ne pas revenir sous sa marque, sur le marché des smartphones avant 2016. Mais après ?

En revendant sa division mobile à Microsoft, Nokia s'est engagé à ne pas revenir sous sa marque, sur le marché des smartphones avant 2016. Mais après ? - AFP Markku Ulander Lehtikuva

Nokia affirme ne vouloir ni produire ni vendre à nouveau des téléphones mobiles. Sauf que l'industriel n'a jamais renoncé à profiter de la notoriété de sa marque auprès du grand public. Sans prendre de risques, grâce à des licences. Et fin 2016, il sera libéré de la clause de non-concurrence avec Microsoft.

Nokia a-t-il réellement l'intention de revenir dans les téléphones mobiles? Confronté à des rumeurs persistantes sur le sujet, le constructeur finlandais a dû démentir officiellement qu'il n'allait ni fabriquer ni vendre de téléphones grand public qui serait issus d'un nouveau centre de R&D en Chine.

"Ces informations sont fausses et incluent des propos incorrectement attribués à un cadre dirigeant de Nokia Networks" explique l'industriel. Ce démenti fait référence à des informations publiées en Chine. Celles-ci relataient les propos d'un cadre dirigeant de la filiale chinoise de l'industriel, évoquant son retour sur le segment de la téléphonie mobile en 2016.

Cette péripétie mettra-t-elle un terme aux rumeurs récurrentes de son retour éventuel dans les smartphones? Nokia a quitté ce marché en cédant sa division mobile à Microsoft fin 2013. Dans cet accord de cession, la marque Nokia peut-être réutilisée par le constructeur finlandais pour toutes les catégories de produits à deux exceptions notables: celle des téléphones mobiles classiques (2G), pour lesquels Microsoft a l'exclusivité et ce, pour une durée de 10 ans, et celle des smartphones, jusqu'à fin 2016. 

Avec sa tablette N1, il réinstalle sa marque en grand public

Microsoft ne s'est, ainsi, pas privé de jouer de l'aura de la marque finlandaise pour lancer en janvier 2015, sous cette marque, de nouveaux téléphones mobiles low cost, destinés aux pays émergents. Pour les smartphones, le géant américain des licences n'a utilisé que durant quelques mois la marque Nokia associée à la gamme Lumia. Dès la fin 2014, il l'a abandonné au profit de la marque Microsoft Lumia 535

En réfutant toute envie de retour sur le marché des téléphones mobiles, en raison des accords qui le lie à Microsoft, Nokia ne convainc pas totalement. L'industriel finlandais n'a jamais renoncé à profiter de sa notoriété pour rester présent sur le marché de l'électronique grand public. L'an passé, il s'est empressé de présenter sa tablette tactile N1, profitant du faite que la clause de "non-concurrence" avec Microsoft ne vaut que sur les smartphones et non sur les autres catégories de terminaux mobiles. Les tablettes tactiles ne sont pas des téléphones!

Que peut faire Nokia fin 2016 ?

Le nouveau modèle industriel de Nokia est fondé sur la vente de licences. Cette activité, liée à son très riche portefeuille de brevets, est logée dans la division Technology, l'une des trois entités de Nokia, aux côtés de la division réseaux (équipements télécoms pour opérateurs) et Here (cartographie). En l'occurrence, la tablette N1 est fabriquée par un partenaire, le Chinois Foxconn, qui assumera les risques industriels, Nokia encaissant les redevances issues de ce contrat de licence. Avec cette approche, Nokia se concentre sur la conception de modèles et monétise sa marque à l'aura mondiale presque intacte.

Pour les smartphones, il sera libéré de sa clause de non-concurrence fin 2016. Rien ne l'empêchera, donc, de recourir alors à ce même modèle économique en faisant fabriquer des smartphones sous licence qui pourraient venir concurrencer l'actuelle gamme Lumia de Microsoft.

En attendant son éventuel retour dans les smartphones, l'industriel finlandais aura fort à faire durant les douze mois à venir, avec son offre de rachat d'Alcatel Lucent qui doit lui permettre de renforcer sa position dans les réseaux mobiles d'opérateurs, face à Ericsson et à Huawei.

Frédéric Bergé