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Leclerc casse-t-il vraiment les prix à Paris comme il l'a annoncé?

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- - E.Leclerc - BFM Business

Leclerc a lancé ce lundi 26 mars dans la capitale son service de livraison de courses. Si la promesse est tenue en termes de prix, l'offre laisse encore à désirer. Passage en revue.

"Les Parisiens vont découvrir des prix 15 à 20% inférieurs à ceux de la concurrence, c'est une révolution!" C'est en ces termes que Michel-Edouard Leclerc dévoilait en janvier dernier sur BFMTV son projet de livraison de courses à domicile dans la capitale.

C'est donc ce lundi 26 mars que le commerçant breton a lancé son service 'Leclerc chez moi'. Après avoir pris le leadership de la distribution alimentaire au niveau national, Leclerc veut maintenant jouer des coudes sur le plus gros marché de France dont il était jusqu'alors exclu faute de magasin: Paris.

Mais Leclerc chez moi tient-il vraiment ses promesses en matière de prix? L'enseigne était attendue au tournant. Et selon les premiers relevés de prix, il semble que ce premier pari-là soit gagné. Selon les comparatifs de prix faits par A3 Distrib relayés par le spécialiste de la distribution Olivier Dauvers, les prix de Leclerc sont clairement au dessous de la moyenne. Précision: l'étude porte sur des milliers de produits comparables chez des concurrents direct de 'Leclerc chez moi' -les sites alimentaires qui font de la livraison à domicile, d'où l'absence de Franprix par exemple.

Leclerc vraiment moins cher à Paris

Les prix de Leclerc sont donc en moyenne 25% plus bas que ceux de Casino et Monoprix à Paris. 23% plus bas aussi que ceux d'Intermarché et Auchan Direct. C'est plus serré en revanche avec Ooshop (groupe Carrefour) et Amazon Prime Now. Mais Leclerc reste tout de même 13% moins cher que ces deux concurrents. Finalement, seul CDiscount Express (groupe Casino) réussit à faire jeu égal avec Leclerc. "Mais l'alimentaire, c'est marginal pour CDiscount qui est beaucoup plus utilisé pour les produits d'équipement", précise Olivier Dauvers.

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- © Olivier Dauvers

Globalement, les trois quarts des prix de Leclerc chez moi sont similaires à ceux du magasin Leclerc de la Courneuve. L'expérience d'achat sur le site est d'ailleurs très similaire à celle qu'a par exemple un client du Leclerc Drive qui irait chercher ses courses à La Courneuve. A un détail près, relève Olivier Dauvers, l'absence de l'onglet "promotions" d'où quelques décalage de prix comme les trois paquets de Café Carte Noire en promo aujourd'hui chez Leclerc La Courneuve (6,06 euros) et qui sont à 8,69 euros sur le site parisien de Leclerc.

Il faut néanmoins ajouter le prix de la livraison

Donc Leclerc tient bien sa promesse niveau prix. Mais est-ce gagné pour autant pour le Breton? Rien n'est moins sûr. D'abord parce que si les prix bruts sont attractifs, il faut ajouter les frais de livraison à domicile (12,90 euros entre 50 et 99 euros d'achat, 9,90 euros jusqu'à 179 euros et gratuits au-delà). Or ces frais de livraison restent un frein majeur à l'adoption massive du e-commerce alimentaire. "Seuls ceux qui ne regardent pas les prix se font livrer à domicile, ce qui veut dire pas grand monde", résume Olivier Dauvers.

D'où l'intérêt du drive piéton. À partir du mois de mai, Leclerc va ouvrir dans Paris ses premiers points de retrait de courses dans Paris. Cela permettra aux clients d'économiser le prix de livraison et donc de payer le prix brut. Testé à Lille depuis quelques mois, le drive piéton Leclerc fait déjà un carton. 95% des acheteurs en ligne lillois préfèrent aller chercher leurs courses au drive à pied plutôt que de se faire livrer à domicile et ainsi économiser les frais de livraison.

Une offre décevante en fruits et légumes

Pour autant, la réussite de Leclerc ne dépendra-t-elle que du prix? "Certainement pas, assure Olivier Dauvers. À la limite, le prix ce n'est même pas le plus important. Les gens savent que Leclerc sera moins cher. L'adoption se fera sur l'étendu de l'offre et la qualité de service." Or sur l'offre justement, il y a déjà des couacs. Notamment en produits frais. Leclerc ne proposait par exemple aucun fruit frais ce lundi à l'ouverture et guère plus en soirée. Aucune banane, ni orange par exemple. Côté légumes, ce n'est guère mieux fourni avec des choux fleurs, des poireaux et des endives. À peine de quoi préparer une soupe ou une salade composée.

"Du point de vue de la logistique c'est logique que l'offre soit limitée, l'entrepôt ne reçoit pas tout le premier jour, commente Olivier Dauvers. En revanche, du point de vue client, ça ne s'explique pas. Vous n'ouvrez un magasin que lorsqu'il est plein!"

L'offre va sans doute s'étoffer dans les jours qui viennent et le vrai top départ ce sera sans doute en mai quand les premiers drives piétons fleuriront dans Paris. D'ici là l'enseigne devra faire la preuve de la qualité de son service si elle veut se faire une place sur un marché parisien déjà très bien fourni en enseignes alimentaires et où des e-commerçants comme Amazon commencent à jouer des coudes. "Vous savez, les Parisiens n'ont pas attendu Leclerc pour bouffer", résume Olivier Dauvers.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco