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Leclerc: "il faut arrêter le cinéma sur la guerre des prix"

Michel-Edouard Leclerc estime que le gouvernement est "en plein délire"

Michel-Edouard Leclerc estime que le gouvernement est "en plein délire" - BFM Business

Le PDG des enseignes E.Leclerc a poussé, ce jeudi 23 octobre sur BFM Business, une colère contre le gouvernement qui veut enrayer la baisse des prix dans la distribution. Il considère que ce débat relève du "délire".

Grande colère de Michel-Edouard Leclerc. Le gouvernement reçoit jeudi matin les distributeurs pour tenter de mettre fin à la guerre des prix dans le secteur. Une initiative qui déplaît fortement au patron des enseignes E.Leclerc qui s'est indigné sur BFM Business, plus tôt dans la matinée.

"Pensez-vous que Xavier Niel va augmenter les prix de Free pour sauver Orange? Qu'Air France va fermer ses low cost sous la pression des pilotes pour qu'il n'y ait plus de low cost?", a-t-il d'emblée réagi. "C'est du délire, on vit dans une France délirante."

"Vous croyez que la crise va déclarer un cessez-le-feu?"

Le dirigeant d'entreprise s'en est ensuite pris aux politiques. "Il sont là avec des pincettes à se demander s'ils peuvent diminuer le prix du gaz de cinq centimes, du timbre de 10 centimes, à reporter des hausse de TVA. Et il faudrait que Leclerc, Carrefour et Intermarché taxent les consommateurs? Ils n'ont qu'à le mettre dans leurs programmes électoraux", s'est-il agacé.

Avant de pointer ce qui est, selon lui, "le fond du problème: vous croyez que la crise va déclarer un cessez-le-feu, que le pouvoir d'achat va arrêter de descendre? Nous ne faisons pas baisser les prix pour baisser les prix!", a-t-il asséné.

Michel-Edouard Leclerc a notamment avancé que le pouvoir d'achat des Français a en moyenne reculé de 3%, obligeant la distribution à s'adapter à cette nouvelle donne.

Arrêter "les cinémas"

Avant d'insister un peu plus: "tous ces cinémas qu'on nous joue pour arrêter la guerre des prix, il faut les arrêter. On fait naître de faux espoirs dans le secteur agricole".

Le dirigeant a expliqué que c'est ce secteur qui connaît des "problèmes de régulation de marché", tout en estimant que ce problème ne relève pas de la responsabilité du distributeur. "Si le producteur déconne, il faut le recaler. Et le producteur ce n'est pas moi. Quand les artichauts de Bretagne ne se vendent plus et sont mis dans la rue, ce n'est pas la faute de la distribution."

La balle dans le camp des pouvoirs publics

Et Michel-Edouard Leclerc d'interpeller là encore l'Etat. "C'est aux pouvoirs publics d'assumer leur responsabilité. Il y a dans la loi agricole des dispositions qui [leur] permettent, en tant de crise, de fixer des prix minimum."

Le dirigeant a enfin dénoncé ce qu'il considère comme un hypocrisie de la part du gouvernement sur la guerre des prix. "Les politiques n'osent pas le dire car ils savent que c'est illégal mais ils souhaiteraient que Leclerc arrête de vendre moins cher et aligne ses prix" sur la concurrence.

Julien MARION