Lejaby pâtit de la crise ukrainienne
Lejaby pénalisée par la géopolitique. La maison de lingerie lyonnaise annonce ce 9 décembre qu'elle va devoir tailler dans ses effectifs. 55 à 60 postes sur 188 seront supprimés. Le corsetier, repris en 2012 par Alain Prost avait beaucoup misé sur le marché russe, et subit du coup de plein fouet les conséquences de la crise ukrainienne.
Le pays représente 30% du chiffre d'affaires de la maison de lingerie. Depuis les évènements en Ukraine, ses ventes y ont chuté de 35% depuis le début de l'année. Le rouble a perdu de sa valeur, ce qui rend les produits Lejaby plus chers, explique le PDG Alain Prost. Résultat, un manque à gagner de 3 millions d'euros. Et Lejaby prévoit d'augmenter ses pertes cette année.
Une reprise trop ambitieuse
Le corsetier paie aussi peut être le prix d'une reprise trop ambitieuse, réalisée sous la pression de la campagne présidentielle de 2012. Conserver 200 emplois pour 20 millions d'euros de chiffre d'affaires c'était trop, estime aujourd'hui Alain Prost.
La crise russe ne devrait toutefois pas remettre en cause la stratégie du groupe qui est désormais soutenu par le fonds d'investissement Impala. Lejaby prévoit de poursuivre son internationalisation notamment au Moyen Orient. Trente ouvertures de boutiques sont également prévues dans les cinq ans.
La marque qui a fêté ses 130 ans cette année est passée à deux doigts de la faillite il y a deux ans. A cette époque, Lejaby était devenu le symbole du made in France à sauver pendant la campagne présidentielle. Nicolas Sarkozy s'était ainsi affiché sur place. Arnaud Montebourg avait également fait le déplacement.
Délocalisation et haut de gamme
Finalement, son PDG, Alain Prost, a repris partiellement les activités du fabricant français de lingerie en juin 2012. Il a fait muter le groupe en délocalisant une partie de la production en Tunisie pour réduire les coûts, tout en conservant en France la création de la ligne très haut de gamme.
Parmi les usines laissées pour compte, celle d'Yssingeaux en Haute-Loire s'était reconvertie dans la maroquinerie après avoir été reprise par un sous-traitant de LVMH basé en Auvergne. Six ex-ouvrières de Lejaby avaient par ailleurs saisi l'occasion pour créer leur propre atelier de lingerie, Les Atelières, dans la banlieue de Lyon. Un atelier de corsetterie haut de gamme qui s'est fixé comme objectif d'atteindre 1,1 million d’euro de chiffre d'affaires dès la première année. La sous-traitance pour la Maison Lejaby devait d'ailleurs assurer un tiers du chiffre d’affaires.