BFM Business
BTP

Les ardoises françaises laissées par le groupe de BTP de Saad Hariri

Le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri, est reçu ce samedi 18 novembre à Paris par Emmanuel Macron.

Le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri, est reçu ce samedi 18 novembre à Paris par Emmanuel Macron. - Mohamed Al-Hammadi-WAM-AFP

Le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri, reçu ce samedi à Paris à l'Élysée risque d'être confronté aux 240 ex-employés français de Saudi Oger, son groupe de BTP en faillite, qui réclament à l'homme d'affaires près de 15 millions d'euros d'arriérés de salaire. Il devrait aussi 5 millions aux organismes sociaux français.

Le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri, reçu ce samedi 18 novembre à Paris à l'Élysée, n'a pas laissé en France une bonne image comme chef d'entreprise. Ce serait même plutôt le contraire. Il risque d'être confronté aux 240 ex-employés français expatriés en Arabie Saoudite, de Saudi Oger, son groupe de BTP (hérité de son père Rafic Hariri) aujourd'hui en faillite, qui réclament à l'homme d'affaires près de 20 millions d'euros d'impayés.

À compter de la mi-2015, ce groupe, engagé dans d'innombrables chantiers, particulièrement en Arabie Saoudite, a été frappé de plein fouet par la chute des cours du pétrole, qui a mis un coup d'arrêt à la frénésie immobilière du royaume saoudien.

Très vite, le groupe, surendetté, se voit couper le robinet du crédit. Avec pour conséquence qu'il ne peut plus payer ses quelque 50.000 salariés, issus de 30 nationalités différentes.

240 expatriés et détachés français réclament des arriérés de salaire

Parmi eux, se trouvent 240 expatriés et détachés français. Brutalement privés de leur salaire, certains se retrouvent bientôt avec des dettes de loyer ou de scolarité sur les bras et sous le coup d'une interdiction de quitter l'Arabie tant qu'ils n'ont pas soldé leurs comptes.

"Quand j'ai compris la situation, j'ai emprunté de l'argent à des amis et je suis parti en urgence. Je ne voulais pas être bloqué là-bas et ne pas revoir ma famille pendant un an", témoigne à l'AFP un ingénieur français qui a souhaité garder l'anonymat pour des raisons de sécurité.

Pour cet ingénieur, dès lors que les "Français vont prendre en charge (la) sécurité (de l'ex-Premier ministre), on est en droit de mettre cela sur la place publique".

Le siège de Saint-Ouen abrite encore 120 salariés

"Je trouve délirant qu'on déroule le tapis rouge à Saad Hariri sans exiger de lui au préalable qu'il paie immédiatement les millions qu'il doit aux salariés français, sachant qu'à titre personnel lui et sa famille sont assis sur des fortunes colossales", s'insurge Me Caroline Wassermann, l'avocate qui défend les intérêts de quelque 75 ex-employés français.

Avec son confrère Jean-Luc Tissot, l'avocate a engagé une action devant les prud'hommes de Seine-Saint-Denis, où se trouve le siège d'Oger international, filiale de Saudi Oger. "Le siège d'Oger International fait figure de vaisseau fantôme. A Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), les deux immeubles n'abritent plus que 120 salariés — sur 700 au plus fort de l'activité —, rescapés du plan de sauvegarde de l'emploi déclenché par le tribunal de commerce de Bobigny le 15 septembre 2016" rapporte même Le Parisien.

5 millions d'euros dus aux organismes sociaux en France

Au total, selon les calculs des avocats défendant les intérêts des ex-salariés français, le groupe dont M. Hariri est l'actionnaire majoritaire doit près de 15 millions d'euros d'arriérés de salaires, mais aussi 5 millions d'euros aux organismes de retraite complémentaires (Axa, Pro-BTP), à la caisse des Français de l'étranger ou encore à Pôle Emploi.

Lors de sa visite à Paris le 1er septembre 2017, celui qui était encore Premier ministre s'était pourtant engagé auprès du président Emmanuel Macron à "résoudre le problème". Mais, depuis, pas un centime n'est rentré dans la poche des anciens employés français, déplore Caroline Wassermann.

F.B avec AFP (Eve Szeftel)