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Les FabLab, pionniers de l'industrie du futur

Le FabLab "Ici Montreuil" réunit plus de 160 artisans et start-upers, et plus de 60 métiers.

Le FabLab "Ici Montreuil" réunit plus de 160 artisans et start-upers, et plus de 60 métiers. - BFM Business

Imprimantes 3D, économie collaborative, les institutions publiques se penchent tout juste sur le développement et l'encadrement des nouvelles technologies de fabrication. Dans des usines 2.0, on les utilise déjà, avec brio.

Les imprimantes 3D, ces machines capables de fabriquer des objets en relief, pourraient "transformer profondément les modes de production actuels", estime le Conseil économique, social et environnemental, dans un avis rendu le 24 mars sur le sujet. Par exemple dans la santé, l'aéronautique, l'automobile ou l'énergie. Encore faut-il offrir à cette technique les moyens de se développer. Le CESE préconise ainsi de renforcer la formation dès le plus jeune âge, d'encourager la recherche et développement, de faciliter l'accès aux financements, ou encore de créer un cadre juridique précis sur les questions de sécurité et de propriété industrielle.

Alors que le temps politique traîne, des start-ups sont déjà sur la brèche. Réunies au sein de FabLab, contraction de "laboratoire de fabrication", elles confrontent ces nouvelles technologies à la réalité du business. 

Des méthodes ancestrales et des nouvelles technologies

Ici Montreuil, en banlieue parisienne, en est un exemple. Ses fondateurs ont transformé une ancienne usine en l'un des plus grands espaces de travail collaboratif de France, doté d'un parc de machines industrielles ultra-innovantes. Entre les fraiseuses et raboteuses traditionnelles, se cachent des outils derniers-cris pour façonner ou découper n'importe quel matériel par commande numérique. Et bien sûr, plusieurs imprimantes 3D. Des machines que se partagent les résidents. Sur 1.700 mètres carré, plus de 160 artistes, artisans, et startups se côtoient, collaborent, et échangent sur leur savoir-faire numérique, artisanal et design.

Des métiers aux méthodes ancestrales se mettent ainsi aux nouvelles technologies. Comme l'ébénisterie et la menuiserie, les spécialités de Sarah Fournis, une des résidentes d'Ici Montreuil. Elle fabrique du mobilier pour des hôtels de luxe, et des sacs en marqueterie contrecollée sur du cuir. Avant, elle incisait ses pièces de bois "à la main avec une petite scie et une règle", raconte-t-elle. Aujourd'hui, elle a accès à un lieu de création dédié et à un atelier numérique où elle peut découper ses pièces au laser. "Au lieu de passer la journée à découper avec une scie mon plaquage, j'en ai pour quinze minutes sur la découpeuse laser à commande numérique". Un gain de temps qui lui permet de produire en série et de gagner en rentabilité. 

Comme elle, une centaine d’artisans font évoluer leurs techniques dans cet atelier numérique. Une fourmilière à innovation qui permet aux résidents de d'"offrir de nouvelles prestations à leurs clients qu’ils n’envisageaient pas avant, ou alors qu'ils devaient sous-traiter. Mais le coût de la prestation était souvent dissuasif", souligne Pierric Verger, le responsable du FabLab. Certaines pratiques initiées dans ces ateliers 2.0 sont devenues des automatismes pour les entreprises "comme graver son logo au laser sur leur mobilier pour les ébénistes", note-t-il.

"L'énorme avantage" du FabLab, selon Pierric Verger, est de faire collaborer les 60 métiers exercés à Ici Montreuil pour offrir aux clients des prestations globales. "Quelqu'un qui vient nous voir pour un projet qui concerne l'ébénisterie, est informé qu'on peut aussi sous-traiter le métal, le textile, qu'on opère le suivi de projet. Finalement, on lui fournit une solution clé-en-main". 

Le géant de la high-tech Sony en a fait l'expérience. Le Japonais a fait réaliser au FabLab un automate robot en bois capable de jouer à la Playstation. Un projet sur lequel ont collaboré des développeurs web, des spécialistes de l'électronique et du numérique, des artisans du bois, du métal et du tissu. Ce robot a ensuite été exposé sur les Champs-Elysées pendant le marché de Noël. 

Ci-dessus Emmanuel Beaufils, dirigeant de l'agence de communication Uzful, elle aussi résidente aux côtés des "makers", le nom donné aux artisans de ces structures, qui a ramené le projet Sony au FabLab.