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Les médecins vent debout contre les consultations en ligne

L'Ordre des médecins s'inquiète de la création d'un circuit de consultation parallèle, financé par les mutuelles.

L'Ordre des médecins s'inquiète de la création d'un circuit de consultation parallèle, financé par les mutuelles. - Alex Proimos - Flickr - CC

L'Ordre des médecins a envoyé un courrier au ministère de la santé pour dénoncer un nouveau service de téléconsultation proposé par Axa, qui permet aux assurés d'obtenir des ordonnances sans rencontrer les praticiens.

Axa se met les médecins à dos. L'assureur a annoncé qu'il lancerait dès le mois de juin un service gratuit de téléconsultation qui va permettre de joindre des praticiens 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Les 2,2 millions d'assurés du groupe, s'ils ne peuvent joindre leur médecin traitant, pourront bénéficier d'une prise en charge médicale à n'importe quelle heure et n'importe quel moment via ce service.

Une trentaine de médecins, salariés de l'assureur, se relaieront pour établir des diagnostics et télétransmettre des ordonnances aux pharmaciens. En revanche, ils ne seront pas habilités à accorder des arrêts de travail, des certificats médicaux ou à renouveler des ordonnances. Si une consultation avec un spécialiste comme un psychologue, ou un qui requiert un examen clinique sont nécessaires, le téléconsultant devra renvoyer le patient vers son médecin traitant .

Malgré ces garde-fous, le service provoque la colère de l'Ordre des médecins, qui a écrit au ministère de la Santé à ce propos. Dans ce courrier, l'instance à mission de service publique qui représente les praticiens français pose des questions. Rappelant " qu’en tout état de cause, le médecin traitant n’est pas nécessairement disponible quand le patient aimerait qu’il le soit", l'ordre se demande si l'assureur n'est pas en train de créer un système qui doublonne le médecin traitant et le parcours de soin pris en charge.

Ce système, au lieu d'être financé par la Sécurité sociale, l'est uniquement par l'assurance maladie complémentaire, souligne le communiqué. Tandis que les médecins traitants, eux, s'ils voulaient se convertir à la téléconsultation, ne seraient rémunéré "ni par l’assurance maladie obligatoire ni par l’assurance maladie complémentaire", pointe le courrier. 

Une question accompagnée d'une photo pour obtenir une ordonnance

Reste que ce type de système n'est pas une nouveauté. Médecin Direct, par exemple, le pratique depuis des années. Cette plateforme a été créée en 2008. Et "depuis quatre ans maintenant, on a des questions régulières, tous les jours, qui proviennent de mutuelles et d'assurances", indique Marc Guilleminot, co-fondateur de la société, sur BFM Business.

Comment ça marche? "Vous avez un petit bouton sur la main qui vous gratte depuis 15 jours, vous n'avez pas le temps d'aller chez le dermato et vous n'en avez pas forcément un sous la main. Vous envoyez une question en joignant une photo, depuis votre ordinateur ou votre smartphone, et vous aurez accès directement à un conseil signé par un de nos médecins, inscrit au conseil de l'Ordre en France", explique-t-il.

Ces actes de télémédecine restent très encadrés. Mais ils permettent au médecin de faire un diagnostic, et "s'il considère qu'il a suffisamment d'élément", de rédiger une ordonnance. "Ce peut être, indique Marc Guillemot, dans le cadre d'un renouvellement de pilule, pour prescrire des analyses biologiques ou une échographie". 

N.G.