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Les opérateurs jouent gros dans les enchères sur les fréquences en "or"

Les quatre opérateurs mobiles sont prêts ce 16 novembre à décrocher de nouvelles fréquences. Mais certains en ont plus besoin que d'autres. L'État attend 2,5 milliards d'euros de recettes et sûrement plus.

Des enchères à plusieurs milliards d'euros débutent ce lundi 17 novembre, dans un lieu parisien tenu secret. Les représentants des quatre opérateurs mobiles sont réunis pour décrocher des fréquences 700 Mhz, dites en "en or". Leur valeur tient à leurs caractéristiques : une portée de plusieurs dizaines de kilomètres et des ondes pénétrant bien à l'intérieur des murs. 

Ces ressources rares et précieuses sont mises aux enchères à un prix minimal de 416 millions d'euros pour chacun des six lots mis aux enchères.

Pour la première fois en France, l'Etat et l'Arcep ont organisé de véritables enchères ascendantes à plusieurs tours. Le but est avéré: maximiser les recettes qu'en attend Bercy, à savoir 2,5 milliards d'euros au minimum. Et sans doute plus.

Au tour initial, le régulateur des télécoms demande aux opérateurs combien de lots ils sont prêts à acquérir au prix unitaire de 416 millions d'euros. À chaque tour, le prix par lot est augmenté de 5 millions d'euros. Et ainsi de suite.

Si tous sont alignés sur la ligne de départ, les quatre opérateurs n'ont pas les mêmes intérêts, ni les mêmes besoins de fréquences.

Moins bien doté en fréquences que ses trois rivaux car arrivé plus tard sur le marché, Free joue gros financièrement et stratégiquement.

Free devrait surenchérir pour rattraper son retard 

Ces enchères lui donnent l'occasion de combler son retard. Il est le seul à pouvoir obtenir trois des six lots de fréquences, ce qui signifierait qu'il accepte de débourser au moins trois fois 416 millions d'euros, soit 1,248 milliard d'euros. C'est peu probable mais Free devra sans doute "batailler" pour décrocher deux lots de fréquences dont il a plus besoin que les autres.

Ses trois concurrents seront sûrement tentés de faire monter les enchères. Ils pourraient chercher à contraindre leur remuant rival à débourser 832 millions d'euros (et plus) pour parvenir à son objectif d'obtenir ses deux lots et réduire ainsi sa marge de manoeuvre financière.

En dehors de cet intérêt "objectif" commun, les trois concurrents de Free ont des visées stratégiques divergentes. Quelle sera la tactique de SFR-Numericable, qui a déjà dépensé en 2010-2011, lorsque Vivendi contrôlait l'opérateur, plus d'un milliard d'euros, lors de l'attribution précédente des fréquences 2,6 GHz et 800 MHz ? La filiale d'Altice est déjà bien pourvue en fréquences basses 800 MHz, les premières fréquences "en or" attribués.

De son côté, Bouygues Telecom fera t-il le forcing pour surenchérir, alors que sa situation financière reste fragile ? Enfin, Orange ne peux faire moins, pour maintenir son leadership, que de tenter de décrocher deux lots sur les six mis aux enchères.

A l'issue de ces enchères et selon le niveau financier qu'elles auront atteint, on devrait y voir plus clair sur les stratégies futures des opérateurs mobiles.

Frédéric Bergé